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THUCYDIDE, LIV. III.

de Thèbes, ayant à leur droite l’hiéron d’Androcrate. Ils pensaient qu’on ne les soupçonnerait pas d’avoir pris une route qui menait droit aux ennemis. Tout en marchant, ils voyaient les Péloponnésiens, avec des flambeaux, sur le chemin qui, par le mont Cithéron et les têtes de chênes, conduit à Athènes. Les Platéens suivirent la route de Thèbes l’espace d’environ six ou sept stades, puis, rebroussant, ils prirent celle du Cithéron, qui conduit vers la montagne à Érythres et à Hysies ; et, par les montagnes, ils gagnèrent Athènes, au nombre seulement de deux cent douze ; car quelques-uns d’entre eux, n’ayant osé franchir le mur, étaient retournés à Platée, et un de leurs archers avait été pris sur le fossé extérieur.

Les Péloponnésiens, las de poursuivre, revinrent à leur poste. Les assiégés restés dans la ville, ignorant le succès de l’entreprise, et persuadés, d’après le rapport de ceux qui étaient revenus sur leurs pas, que tous leurs camarades avaient péri, envoyèrent, dès le point du jour, un héraut demander une trève pour retirer les morts ; mais, mieux informés, ils se tinrent en repos. Ce fut ainsi que les braves de Platée s’ouvrirent un passage et parvinrent à s’évader.

Chap. 25. À la fin du même hiver, le Lacédémonien Saléthus fut envoyé à Mitylène sur une trirème. Il gagna Pyrra, et de là, continuant sa route par terre, il passa un ravin par où l’on pouvait franchir la circonvallation, et se jeta dans la ville sans être aperçu des ennemis. Il annonça aux magistrats qu’on ne ferait une invasion dans l’Attique, et qu’ils recevraient les quarante vaisseaux qui devaient leur apporter des secours ; qu’il avait été expédié en avant pour leur en donner avis et pour s’occuper des autrès dispositions. Les Mityléniens, rassurés, furent moins disposés à traiter avec Athènes.

Cet hiver finit, et, avec lui, la quatrième année de la guerre dont Thucydide a écrit l’histoire.

Chap. 26. Au commencement de l’été suivant, les Péloponnésiens envoyèrent Alcidas à Mitylène avec les quarante-deux vaisseaux fournis par les villes. Eux-mêmes, avec leurs alliés, se jetèrent sur l’Attique, afin que les Athéniens, inquiétés de deux côtés à-la-fois, fussent moins en état de voguer contre la flotte qui gagnait Mitylène. Cléomène était à la tête de l’expédition en qualité d’oncle paternel de Pausanias, fils de Plistoanax, roi de Lacédémone, encore trop jeune pour commander. De nouveau ils dévastèrent dans l’Attique ce qui avait déjà été ravagé, et toutes les nouvelles reproductions, et tout ce qu’ils avaient épargné dans leurs premières incursions. Aucune, depuis la seconde, n’avait eu des résultats aussi désastreux pour le pays ; car les ennemis, attendant toujours des nouvelles de leur flotte, qu’ils croyaient déjà parvenue à Lesbos, parcouraient le territoire en tout sens, portant partout la désolation. Mais ne recevant point de nouvelles conformes à leur attente, et les vivres commençant à leur manquer, ils firent retraite, et s’en retournèrent par canton.

Chap. 27. Cependant les Mityléniens, ne voyant pas arriver les vaisseaux du Péloponnèse qui se faisaient attendre, et se trouvant dans la disette, furent réduits à traiter avec Athènes. Voici quelle en fut la cause. Saléthus, qui lui-même ne comptait plus sur l’arrivée des vaisseaux, arma les gens du peuple pour faire une sortie contre les Athéniens. Auparavant ils étaient désarmés ; mais à peine eurent-ils reçu des armes, qu’ils cessèrent d’obéir aux magistrats, se permirent des rassemblemens, et ordonnè-