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Toutefois, on peut supposer qu’en maintes occasions l’on s’aperçut qu’il ne devenait pas facile de manier un corps aussi lourd et aussi embarrassé que la phalange des pesamment armés ; tandis que les gens de traits n’étaient ni assez fermes, ni assez solides pour fournir aux différens besoins de la guerre. On forma donc un autre corps capable de suppléer partout au défaut de l’une ou l’autre troupe ; il prit son nom d’un petit bouclier rond qui le distinguait entièrement des hoplites ; et tels furent ces peltastes qui, dans les armées d’Alexandre, acquirent une réputation égale à celle de la phalange, réputation qu’ils surent conserver sous ses lieutenans quand on partagea l’empire du monde.

Alors, les gens de traits qui gardèrent le nom de psilites, ne furent plus destinés qu’à éclaircir les masses. Ils éloignaient la cavalerie, chassaient des postes importans ceux qui les avaient occupés, reconnaissaient les lieux suspects, s’embusquaient, s’emparaient des endroits élevés, fonction à laquelle leurs armes les rendaient très propres, de même qu’à les défendre parce que personne ne pouvait s’en approcher qu’à travers une nuée de traits. Sur les ailes, les psilites commençaient l’attaque, et lorsque la phalange combattait, ils harcelaient l’ennemi par ses flancs. Ils servaient aussi pour faire rebrousser chemin aux éléphans, ou pour détourner les chariots armés ; enfin, si les phalanges étaient battues, ces troupes devenaient encore nécessaires pour couvrir la retraite.

Tous les peuples de la Grèce n’adoptèrent pas les subdivisions nombreuses de la phalange macédonienne. Les Spartiates étant partagés en cinq tribus, leur armée forma cinq grands corps nommés moras et commandés par un polémarque. On ne peut fixer au juste la force du mora, le témoignage des écrivains laissant beaucoup d’incertitude ; cependant Xénophon dit que sous le polémarque il y avait quatre chefs de lochos, huit chefs de pentecostys, seize chefs d’énomotie ; et Thucydide donne au lochos quatre pentecostys, au pentecostys quatre énomoties, et à l’énomotie tantôt trente-six, tantôt trente-deux combattans. Ce qu’il y a de positif, c’est que les subdivisions de la phalange lacédémonienne se réduisirent à quatre : le mora, le lochos, le pentecostys et l’énomotie. Cette formation fut celle que Xantippe donna aux Carthaginois, quand il fut appelé par eux contre Régulus.




CHAPITRE V.


De la Cavalerie dans ses rapports avec la Phalange.


Les Grecs avaient été long-temps sans cavalerie ; mais, lors de l’invasion de Xerxès, ayant beaucoup souffert de la nombreuse cavalerie des Perses, il fut résolu dans les assemblées générales de la Grèce que désormais l’infanterie marcherait appuyée par un certain nombre de chevaux. D’abord, cette troupe auxiliaire ne forma que la onzième partie de l’armée ; cependant elle augmenta beaucoup par la suite, et le nombre des cavaliers sous Alexandre fut souvent porté au sixième des combattans.

La cavalerie, divisée comme l’infanterie en deux classes bien distinctes, l’une pesante, l’autre légère, offrait encore plusieurs subdivisions. Celle qu’on appelait cataphracte se présentait armée de pied en cap et les chevaux bardés : on reconnut bientôt qu’elle était trop lourde, et l’on en fit peu d’usage. La cavalerie nommée proprement la grecque, et qui servit de modèle aux Romains, avait les chevaux sans bardes ; l’armure du cava-