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THUCYDIDE, LIV. V.

Il fut écouté ; on partit, et l’on ramena de l’Épidaurie les Argiens. Le congrès fut repris, mais on ne put s’accorder. Les Argiens se jetèrent encore une fois sur l’Épidaurie, qu’ils ravagèrent.

Les Lacédémoniens voulurent aussi sortir de leur territoire et marcher contre Caryes ; mais, les diabatères n’ayant pas donné de présages favorables, ils revinrent sur leurs pas. Les Argiens retournèrent chez eux, après avoir dévasté le tiers de l’Épidaurie.

Mille hoplites d’Athènes, sous le commandement d’Alcibiade, s’étaient mis en marche pour défendre Caryes : ils arrivent ; ils voient que les Lacédémoniens ont renoncé à leur expédition ; et comme on n’avait plus besoin d’eux, ils se retirent.

Ainsi se termina l’été.

Chap. 56. Au commencement de l’hiver, les Lacédémoniens, échappant la surveillance des Athéniens, avaient envoyé par mer à Épidaure une garnison de trois cents hommes, sous le commandement d’Agésippidas. Les Argiens vinrent se plaindre à Athènes de ce que, contre la foi d’un traité qui portait qu’aucune des puissances contractantes ne laisserait passer d’ennemis sur son territoire, leur république avait laissé les Lacédémoniens côtoyer [hostilement] des rivages de pays alliés. Ils ajoutèrent que si l’on ne renvoyait pas à Pylos les Messéniens et les Hilotes pour harceler les Lacédémoniens, Argos se croirait offensée. Les Athéniens, à l’instigation d’Alcibiade, écrivirent au bas de la colonne lacédémonienne, que les Lacédémoniens n’avaient pas respecté leur serment ; transportèrent de Crasnies à Pylos les Hilotes pour exercer le brigandage, et du reste se tinrent en repos.

Quoique la guerre continuât cet hiver entre les Argiens et les Épidauriens, on ne vit point de bataille rangée, mais seulement des embuscades et des incursions, dans lesquelles il y eut du monde de tué de part et d’autre. À la fin de l’hiver, au commencement du printemps, les Argiens s’approchèrent d’Épidaure avec des échelles, croyant la place vide à cause de la guerre ; et comptant la prendre d’emblée ; mais ils se retirèrent sans succès.

L’hiver finit ainsi, et avec lui la treizième année de la guerre.

Chap. 57. Au milieu de l’été suivant, les Lacédémoniens, voyant leurs alliés d’Épidaure souffrans, ceux du Péloponnèse révoltés ou mécontens, et craignant que le mal n’empirât s’ils ne se hâtaient d’en arrêter les progrès, sortirent tous en armes contre Argos, eux et les Hilotes. Agis, fils d’Archidamus, roi de Lacédémone, les commandait ; avec eux marchaient les Tégéates et autres Arcadiens alliés de Lacédémone. Ceux du reste du Péloponnèse et du dehors se rassemblaient à Phlionte. Les Béotiens avaient cinq mille hoplites, autant de psiles, cinq cents cavaliers, et le même nombre d’hamippes ; Corinthe fournit deux mille hoplites ; le contingent des autres fut en proportion de leurs forces. Tous les Phliasiens prirent les armes, parce que l’armée était sur leur territoire.

Chap. 58. Les Argiens alors, pour la première fois, pressentant les suites de ces préparatifs des Lacédémoniens, sortirent, eux aussi, de leur territoire, au moment où leurs ennemis se rendaient à Phlionte pour opérer une jonction avec d’autres Péloponnésiens. Les Mantinéens vinrent aussitôt au secours des Argiens avec leurs alliés, et avec trois mille hoplites de l’Élide. Ils marchèrent à la rencontre des Lacédémoniens jusqu’à Méthydrium d’Arcadie. Chacune des deux armées s’empara d’une hauteur.

Les Argiens se disposaient à attaquer