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distingués par leur naissance, formaient la cavalerie ; les autres, remarquables par leur taille et leur force, composaient l’infanterie. La cavalerie était divisée en huit îles ; on ignore combien d’hommes avait chaque île : la totalité ne paraît cependant pas s’être élevée au-dessus de douze cents.

Ces escadrons ne portaient pas le nom de leur ilarque, tous choisis entre les amis d’Alexandre les plus distingués par leur valeur. La première île aux ordres de Clitus s’appelait la Basilique ou royale, parce qu’elle était plus particulièrement attachée à la personne du roi. Une seconde portait le nom de Lagée, vraisemblablement à cause de Ptolomée, fils de Lagus. On en connaît encore une troisième, l’Anthémusiade, d’Anthémus, ville de Macédoine ; elle était sous la conduite de Péridas. Enfin, Socrate, fils de Sathon, en avait une quatrième tirée d’Apollonie, ce qui montre assez que les autres îles avaient été levées dans autant de villes principales de Macédoine.

Toute la cavalerie des Hétaires reconnaissait pour chef Philotas ; mais après sa mort, le commandement de cette troupe fut partagé entre Clitus et Héphæstion, de crainte que réunie sous un seul chef, elle lui donnât trop de pouvoir. Toutefois lorsqu’Alexandre mourut, elle obéissait toute entière à Perdiccas, auquel succéda Séleucus. On voit encore dans l’armée d’Eumènes neuf cents cavaliers hétaires, et les successeurs d’Alexandre s’empressèrent d’avoir auprès d’eux une garde comme celle du prince.

Aux journées du Granique, d’Issus et d’Arbelles, Nicanor, second fils de Parménion, était à la tête des Hypaspistes qui formaient une partie de l’infanterie des Hétaires. Un très long bouclier couvrait les Hypaspistes qui, étant encore armés d’une longue sarisse, différaient peu des hoplites grecs. Au nombre d’environ trois mille, ces soldats marchaient immédiatement après les îles et faisaient la garde à l’entrée de la tente ou du palais d’Alexandre.

Les Argyraspides, ainsi nommés parce que leurs boucliers étaient argentés, avaient la même fonction. On doit les classer parmi les peltastes. Le nom d’Agema, par lequel ce corps se trouve souvent désigné, paraît être une marque distinctive qui s’appliquait également à la cavalerie. Elle avait son agema comme l’infanterie ; c’était dans chacun de ces corps d’élite une première section. Cette nuance n’a pas été sentie par les historiens modernes d’Alexandre, et le dernier traducteur d’Arrien s’y est trompé lui-même. Les Argyraspides se distinguèrent dans toutes les actions mémorables. On nous les représente comme un corps de vétérans sexagénaires et même septuagénaires que le courage et l’expérience rendaient invincibles.




CHAPITRE VI.


Mouvemens de la Phalange. — Résumé de ses élémens divers.


On a dit avec raison que l’usage de la langue grecque, si propre aux nomenclatures et aux classifications, ne devait pas être regardé comme une circonstance indifférente dans le degré de perfection que les peuples qui la parlaient surent donner à leur tactique ; un seul mot permettait de désigner l’individu, ses fonctions, la place qu’il occupait dans la phalange. Mais ce qui paraîtra peut-être encore plus digne de remarque, c’est de voir les Grecs, dominés partout ailleurs par leur imagination brillante, porter dans leurs idées militaires un caractère

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