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XÉNOPHON, LIV. I.

vait. Puis en deux marches de dix parasanges encore, Cyrus vint à Tyrium, ville peuplée. Il y séjourna trois jours. La reine de Cilicie demanda, dit-on, à Cyrus de lui montrer son armée ; et voulant la satisfaire, il fit dans la plaine la revue des Grecs et des Barbares qui le suivaient. Il ordonna aux Grecs de se mettre en bataille suivant leurs usages, et à chacun de leurs généraux d’y ranger ses troupes. Ils se formèrent donc sur quatre de hauteur. Menon et ses soldats fermaient l’aile droite. À l’aile gauche étaient Cléarque et les siens. Le centre était occupé par les autres généraux grecs. Cyrus vit d’abord les Barbares qui défilèrent devant lui par escadrons et par bataillons. Il passa ensuite sur son char, accompagné de la reine de Cilicie dans une litière, le long du front des Grecs. Ils avaient tous des casques d’airain, des tuniques de pourpre, des grevières et des boucliers bien nets et reluisans. Après avoir passé le long de toute leur ligne, Cyrus arrêta son char devant le centre de la phalange et envoya Pigrès, son interprète, ordonner aux généraux grecs de faire présenter les armes et marcher toute la ligne en avant. Ceux-ci prévinrent de cet ordre leurs soldats, et dès que la trompette eut donné le signal, on marcha en avant les armes présentées. Le pas s’accéléra peu à peu, les cris militaires s’élevèrent, et les soldats sans commandement se mettant à la course s’avançaient vers leurs tentes. Cette manœuvre inspira de la terreur à un grand nombre de Barbares. La reine de Cilicie s’enfuit dans sa litière. Les marchands du camp abandonnant leurs denrées, prirent aussi la fuite. Les Grecs en rirent et rentrèrent dans leurs tentes. La reine de Cilicie admira la tenue et la discipline des troupes grecques, et Cyrus fut charmé de voir l’effroi qu’elles inspiraient aux Barbares.

On fit ensuite vingt parasanges en trois marches, et l’on séjourna trois jours à Iconium, dernière ville de la Phrygie. Puis Cyrus, en cinq jours de marche, parcourut trente parasanges à travers la Lycaonie. Comme cette province était ennemie, il permit aux Grecs de la piller. De là il renvoya la reine de Cilicie dans ses états par le chemin le plus court, sous l’escorte de Menon, Thessalien, et des Grecs qu’il commandait. Cyrus, avec le reste de l’armée, traversa la Cappadoce, et ayant fait vingt-cinq parasanges en quatre marches, arriva à Dana, ville peuplée, grande et riche, où il séjourna trois jours, pendant lesquels, sous prétexte d’un complot formé contre lui par un Perse nommé Mégapherne, teinturier du roi en pourpre, et par un autre homme qui tenait le premier rang parmi ses officiers inférieurs, il les punit de mort. On essaya ensuite de pénétrer en Cilicie. Le chemin qui y menait, quoique praticable aux voitures, était si escarpé, qu’une armée ne pouvait y passer si on lui opposait la moindre résistance. On disait que Syennésis était maître des hauteurs et gardait cet unique passage. Cyrus s’arrêta donc un jour dans la plaine. Le lendemain vint la nouvelle que Syennésis avait abandonné les postes élevés qu’il occupait, dès qu’il avait appris que le corps de Menon ayant passé les montagnes était en Cilicie, et que Tamos y conduisait de la côte d’Ionie les vaisseaux de Cyrus et des Lacédémoniens qu’il commandait. Cyrus monta sur les hauteurs, personne ne l’en empêchant plus, et prit les tentes des Ciliciens. De là il descendit dans une vaste et belle plaine, entrecoupée de ruisseaux, couverte de vignes et d’arbres de toute espèce. Le terroir rapporte beaucoup de sésame, de panis, de millet, de froment et d’orge. Une chaîne de montagnes escar-