Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/775

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nous rendent témoignage du grand sens de cet auteur, et de sa haute capacité comme militaire.

Nous n’en devons être que plus sensible à la perte de ses ouvrages qui nous auraient appris des particularités curieuses sur les mœurs et les usages des Alains ; sur les Parthes, auxquels il avait consacré dix-sept livres ; et sur les Bithyniens ses compatriotes. Il faisait remonter cette dernière histoire aux temps fabuleux, et finissait au règne de Nicomède, qui légua par testament ses états au peuple romain. On doit vivement regretter aussi ses dix livres sur les successeurs d’Alexandre, époque obscurcie par la multiplicité des événemens, et les vicissitudes dont elle est remplie.

Dans son ouvrage sur les expéditions de ce prince, Arrien laisse bien loin derrière lui le roman absurde et ridicule de Quinte-Curce. Il mérite d’ailleurs des éloges pour avoir remonté aux écrivains contemporains. En prenant pour base de son travail les Mémoires de Ptolémée et d’Aristobule, lieutenans d’Alexandre, il semble donner la préférence à Ptolémée qui, devenu roi à son tour, n’aurait sûrement pas voulu déshonorer sa couronne par un mensonge. Arrien consulta aussi le Journal d’Alexandre, publié par Eumènes, son secrétaire ; l’Itinéraire, décrit par Diognète et Bæton, géomètres employés à la suite de l’armée ; enfin, la description des provinces composant l’empire d’Alexandre, rédigée par son ordre.

La sagacité et le discernement d’Arrien ont été d’autant plus appréciés que l’on s’est mieux éclairé en Europe sur l’état de l’Inde, dans ses rapports historiques et géographiques. Philosophe, général d’armée, excellent écrivain, judicieux critique, il doit être considéré, dit un moderne, comme le premier historien d’Alexandre, et le seul sur le témoignage duquel on puisse compter.


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