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ARRIEN, LIV. III.

laissant à sa gauche l’Euphrate et tes montagnes d’Arménie, ne marchant point de l’Euphrate vers Babylone par la route directe, mais choisissant celle qui, plus facile, fournissait abondamment des vivres, des fourrages, et où les chaleurs étaient plus tolérables.

On rencontra quelques éclaireurs de l’armée de Darius qui s’étaient avancés trop avant, on les fit prisonniers : ils annoncèrent que Darius était campé sur les bords du Tigre, dont il se préparait à défendre le passage avec une armée plus nombreuse que celle qui avait combattu dans la Cilicie. Sur ce récit, Alexandre se porte en hâte vers le Tigre. Arrivé sur ses bords, il ne trouve ni Darius ni aucun corps pour l’arrêter ; il passe le fleuve sans autre obstacle que la rapidité de son cours : l’armée campe sur la rive.

Il y eut alors une éclipse totale de lune. Alexandre fit sacrifier à cet astre, à la terre et au soleil, dont la conjonction produit les éclipses. Aristandre de s’écrier que cet augure était heureux et promettait le succès des armes d’Alexandre ; qu’il fallait combattre dans ce mois, que les sacrifices assuraient la victoire.

On décampe ; on traverse l’Assyrie, ayant le Tigre à droite, et à gauche les montagnes des Gordiens.

Le quatrième jour, des coureurs annoncent que l’on découvre dans la campagne la cavalerie de l’ennemi, dont ils n’ont pu reconnaître le nombre.

Alexandre dispose son ordre de bataille. De nouvelles reconnaissances arrivent à toutes brides, et rapportent que ce qu’on a pris pour la cavalerie ennemie n’est qu’un détachement de mille hommes.

Prenant alors avec lui l’Agéma, une compagnie des Hétaires, et l’avant-garde légère des Péones, il se porte à leur rencontre, en donnant ordre à l’armée de le suivre au petit pas.

À l’approche d’Alexandre, la cavalerie persane se débande ; il les presse, un grand nombre échappe ; plusieurs mal servis par leurs chevaux, sont tués ; d’autres sont faits prisonniers, et l’on apprend d’eux que Darius n’est pas loin à la tête d’une puissante armée.

On y comptait les Indiens auxiliaires, peuples voisins de la Bactriane ; ceux mêmes de la Bactriane et de la Sogdiane, conduits par leur satrape Bessus ; et les Saques, famille des Scythes de l’Asie, indépendans mais alliés de Darius, tous archers à cheval sous le commandement de Mabacès.

Barsaétès, satrape des Arachotes, amenait avec eux les Indiens montagnards. Satibarzanes commandait les Ariens ; Phrataphernes, la cavalerie des Parthes, des Hyrcaniens et des Topyriens ; Atropatès, les Mèdes joints aux Cadusiens, aux Albaniens, et aux Sacesiniens.

Les habitans des bords de la mer Rouge étaient conduits par Orontobates, Ariobarzanes et Orxinès ; les Susiens, les Uxiens, par Oxatre ; les Babyloniens, les Sitaciniens et les Cariens, par Bupare ; les Arméniens, par Oronte et Mithraustes ; les Cappadociens, par Ariacès ; ceux de la Cœlo-Syrie et de la Mésopotamie, par Mazée.

On élevait le nombre des fantassins à un million, celui des cavaliers à quarante mille ; celui des chars armés de faux à deux cents. Il y avait peu d’éléphans, on en comptait quinze amenés des contrées en-deçà de l’Indus.

Darius vint camper avec toutes ces troupes dans la plaine de Gaugamèle, près du fleuve Boumade, à six cents stades de la ville d’Arbelles, en rase campagne. Il avait eu le soin de faire aplanir toutes les inégalités du terrain