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ARRIEN, LIV. V.

qu’à l’étang, et le trouvant également investi par la cavalerie, retournent sur leurs pas.

Alexandre fait tirer autour de la ville une double circonvallation qui n’est interrompue que par le marais, autour duquel il redouble les postes. On avance les machines pour battre la ville. Des transfuges viennent lui annoncer que les assiégés ont formé le projet de se retirer en faisant une sortie par le marais. Alexandre y place aussitôt Ptolémée avec trois mille Hypaspistes, tous les Agriens et un corps d’Archers ; il lui désigne le point par lequel il présume que les Barbares déboucheront ; Ptolémée au moment même les arrêtera dans leur sortie, et fera sonner les trompettes : à ce signal, tous les chefs doivent accourir et secourir Ptolémée ; Alexandre n’y sera pas le dernier.

Ptolémée met en avant, pour embarrasser le chemin, les chariots que les Indiens avaient abandonnés. Il se fortifie du reste des palissades qui n’avaient point été employées. Ce travail est achevé dans la nuit.

Vers la quatrième veille, les barbares sortent en foule par les portes qui regardent l’étang. Ptolémée averti surprend leurs mouvemens ; fait sonner les trompettes et marche sur eux en ordre de bataille. Les Barbares sont embarrassés entre les chars et les palissades. Épouvantés des sons de la trompette, pressés de tous côtés par les Grecs, ceux qui s’avancent sont taillés en pièces, cinq cents périssent, le reste rentre dans la ville.

Porus était arrivé et amenait cinq mille Indiens avec le reste des éléphans. Les machines étaient approchées des remparts mais avant qu’elles eussent joué, les Macédoniens, ayant sapé le mur et approché de tous côtés les échelles, emportent la ville d’assaut. Dans le sac de cette ville périrent dix-sept mille Indiens, soixante-dix mille tombèrent au pouvoir de l’ennemi, ainsi que trois cents chars et cinq cents hommes de cavalerie.

De son côté Alexandre perdit environ cent hommes dans tout le siége, sans parler des blessés en plus grand nombre : on, en comptait environ douze cents, parmi lesquels plusieurs chefs et entre autres Lysimaque, Somatophylax.

Alexandre, après avoir rendu les derniers devoirs aux guerriers morts, envoya son secrétaire Eumènes, avec trois cents chevaux, vers les habitans de deux villes qui avaient pris parti avec ceux de Sangala. Eumènes devait leur annoncer le sort de cette cité, les engager à se rendre, à leur promettre, de la part d’Alexandre, les mêmes sûretés qu’avaient trouvées ceux des Barbares qui s’étaient soumis. Déjà instruits et épouvantés de ce désastre, ils avaient abandonné leurs villes. Alexandre se met à leur poursuite ; mais s’y étant pris trop tard, le plus grand nombre échappa ; on ne trouva que cinq cents malades laissés en arrière : Alexandre les fait massacrer.

Il retourne à Sangala, fait raser la ville. Il abandonne ensuite le pays aux tribus indépendantes qui s’étaient rendues à lui volontairement : Porus fut envoyé avec ses troupes pour s’assurer de leurs places et y mettre des garnisons.

Chap. 6. Il s’avance alors vers l’Hyphase pour soumettre les Indiens au-delà du fleuve, ne voulant mettre fin à la guerre qu’alors qu’il ne trouverait plus de résistance, Les peuples qui habitent au-delà de l’Hyphase se livrent avec succès à l’agriculture et aux armes : leur police est douce ; ils vivent en république aristocratique bien administrée. Les éléphans qu’on trouve dans ce pays y sont