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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/1011

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POLYBE, LIV. XXXIV.

salonique, Ératosthène marque seulement 900 stades, et Polybe dit qu’il y en a plus de 2 000. Sur les deux points, Polybe a raison.

Mais Polybe se trompe plus qu’Ératosthène lorsque, voyant que celui-ci avait compté 7 000 stades de Marseille au détroit des Colonnes, et 6 000 depuis les Pyrénées jusqu’à ce même détroit, il veut qu’à partir des Pyrénées la distance jusqu’aux Colonnes n’ait guère moins de 8 000 stades, et qu’à prendre de Marseille elle soit de plus de 9 000. Ératosthène, à cet égard, s’éloigne moins du vrai. En effet, l’on convient aujourd’hui que, sauf les détours de la route, la longueur totale de l’Ibérie, prise des Pyrénées à la côte occidentale, n’est pas de plus de 6 000 stades. Polybe donne au Tage, depuis sa source jusqu’à son embouchure, un cours de 8 000 stades, non pas en y comprenant les sinuosités auxquelles un géographe n’a jamais égard, mais en ligne droite, et cela bien que de la source du Tage aux Pyrénées il y ait encore plus de 1 000 stades.

C’est sans doute avec fondement que Polybe accuse Ératosthène de connaître peu l’Ibérie, et de se contredire quelquefois lui-même au sujet de ce pays : véritablement, comme Polybe le remarque, après avoir annoncé en un endroit de son ouvrage que les parties de cette contrée sises sur la mer extérieure, jusqu’à Gadès, doivent être habitées par les Galates, ce qu’il paraît bien établir en affirmant que ceux-ci occupent toute l’Europe occidentale jusqu’à Gadès, Ératosthène oublie ensuite ce point dans sa description de l’Ibérie, et n’y fait aucune mention des Galates.

Mais quand Polybe veut prouver que la longueur de l’Europe n’égale point celle de la Libye (l’Afrique) et de l’Asie réunies, la comparaison qu’il établit entre ces trois parties de la terre habitée n’est pas juste. « La direction du détroit des Colonnes, nous dit-il, répond au couchant équinoxial, et celle du Tanaïs part du levant d’été. L’Europe comparée à la Libye et à l’Asie prises ensemble a donc de moins qu’elles, en longueur, tout l’intervalle qui sépare le levant d’été du levant équinoxial, puisque cette portion du demi-cercle septentrional se trouve occupée par l’Asie. » (Strabo, Geograph. lib. ii.) Schweigh.


Plusieurs parties de l’Europe forment comme autant de grands promontoires qui s’avancent beaucoup dans la mer. Polybe distingue ces promontoires mieux qu’Ératosthène, mais point encore assez bien. Ératosthène n’en compte que trois, dont l’un, aboutissant vers les Colonnes d’Hercule, renferme l’Ibérie ; l’autre, se prolongeant vers le détroit de Sicile, contient l’Italie ; le troisième, terminé par le cap des Malées, embrasse tous les pays situés entre la mer Adriatique et le Pont-Euxin et le Tanaïs. À l’égard des deux premiers promontoires, Polybe ne diffère point d’Ératosthène ; mais, selon lui, le troisième, dont le cap Sunium forme l’extrémité, autant que le cap des Malées, ne comprend que l’Illyrie, la Grèce entière et une portion de la Thrace. D’après cela, il en compte un quatrième qui, contenant avec la Chersonèse de Thrace les pays voisins du détroit situé entre les villes de Sestos et d’Abydos, est occupé par les Thraces ; puis un cinquième qui aboutit vers le Bosphore Cimmérien, à l’embouchure du Palus-Méotide. (Ibid.)