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POLYBE, LIV. XL.

et sans nécessité, rien n’est plus ridicule que de prier qu’on lui pardonne les fautes qu’on pourra y rencontrer. » Caton avait raison. Un athlète, après avoir donné son nom pour les combats gymniques, serait-il bien venu à dire dans le stade et au moment d’entrer dans la lice : « Messieurs, je vous demande pardon si je ne puis supporter ni la fatigue ni les plaies. » Un tel athlète ne serait-il pas sifflé et puni sur-le-champ ? C’est ainsi que devraient être traités les historiens, pour leur apprendre à ne pas former de projets au-dessus de leurs forces. Posthumius prit encore des Grecs tout ce qui était de plus mauvais dans leurs mœurs. Toute sa vie, il aima le plaisir et détesta le travail. La conjoncture présente nous en fournit une preuve. À la bataille qui se donna dans la Phocide, pour ne pas se trouver dans la mêlée, il prétexta je ne sais quelle incommodité et se retira dans Thèbes. Cependant, après le combat, il fut le premier à mander la victoire au sénat, et lui fit un ample détail de ce qui s’y était passé, comme s’il y eût eu part. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Mépris des arts montré par les Romains dans la destruction de Corinthe.


Polybe, en déplorant dans sa narration les événemens qui se sont passés lors de la destruction de Corinthe, rappelle, entre autres choses, ce mépris tout militaire manifesté par les Romains pour tous les ouvrages d’art et pour les monumens publics. Présent à cette prise, il dit avoir vu lui-même des tableaux jetés dans la poussière et des soldats couchés dessus et jouant aux dés, et mentionne particulièrement parmi ces tableaux un Bacchus peint par Aristide, tableau qui, à ce qu’on prétend, avait donné lieu à ce proverbe : « Ce n’est rien en comparaison du Bacchus, et de l’Hercule en proie au venin sorti de la robe que Déjanire lui avait envoyée. » Je n’ai point vu ce dernier, mais j’ai vu le Bacchus placé dans le temple de Cérès, à Rome, ouvrage d’une rare beauté, qui a péri depuis peu dans l’incendie de ce temple. (Strabo Geograph., lib. viii.) Schweighæuser.


Toutes les villes, par des décrets publics, érigèrent des statues à Philopœmen, et lui rendirent les plus grands honneurs ; mais, dans la suite, pendant les temps si malheureux de la Grèce ou Corinthe fut détruite, un Romain entreprit de faire abattre toutes ses statues et de le poursuivre lui-même en justice, comme s’il eût été vivant. Il l’accusait d’avoir été l’ennemi des Romains et de s’être montré malintentionné pour eux. Polybe répondit au plaidoyer de l’accusateur, et quoiqu’il fut vrai que Philopœmen s’était fortement opposé à Titus Flaminius et à Manius, ni le consul Mummius ni ses lieutenans ne voulurent souffrir qu’on détruisît les monumens élevés à la gloire d’un guerrier si célèbre. (Plutarch. in Philopœmene.) Schweigh.


Justification de Philopœmen par Polybe.


Conformément à ce que j’ai dit d’abord de ce précepteur, je fis de sa conduite une assez longue apologie. Je dis qu’à la vérité Philopœmen avait souvent refusé de se rendre d’abord aux ordres des Romains, mais qu’il ne s’en était jamais défendu que pour éclaircir ce qui était en contestation, et que jamais il ne s’en était défendu sans rai-