Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 209 —

tant de troupes qu’il le jugerait à propos.

L’Espagne était tranquille. Pompée, étroitement lié avec César, lui abandonna toutes les recrues de la Gaule Cisalpine ; de sorte que le proconsul, en y joignant ce qu’il fit rassembler par ses lieutenans, se vit en état de former trois nouvelles légions.

La première remplaça celle que les Éburons avaient taillée en pièces, et reprit le nom de quatorzième, comme César le dit lui-même. Hirtius nous apprend que l’autre fut nommée la quinzième ; mais on ignore si celle que l’on forma des recrues de Pompée porta le numéro seizième, pendant qu’elle servait sous les ordres de César. Elle appartenait toujours à Pompée, et devint la "première des légions réunies par ce général pour la guerre civile.

Le sénat, prolongeant l’autorité de César pendant cinq autres années, et lui permettant de porter son armée jusqu’à dix légions, lui en assura l’entretien aux frais de la république. On lui donna aussi dix lieutenans.

C’étaient des personnages distingués que l’on associait aux grands magistrats pour les aider, et présider en leur absence au maniement des affaires. Désignés par le sénat, souvent les chefs les choisissaient eux-mêmes. Ceux de César, formés sous ses yeux, jouèrent plus tard des rôles importans dans les divers partis qu’ils embrassèrent.

Quelque bien soutenu que fût César du côté du sénat, il ne jugeait pas ses forces assez considérables, et l’on voit qu’étant quelquefois dans la nécessité de les partager pour faire face aux ennemis qui l’attaquaient en différens endroits, il entretenait à ses frais bon nombre de cohortes, indépendamment des dix légions. Mais tant qu’il respecta les lois, ces troupes furent regardées comme surnuméraires, et ne jouirent d’aucune prérogative.

Si l’on déterminait dans les décrets du peuple et du sénat le nombre des légions commandées par les gouverneurs des provinces, on n’y fit jamais mention de la cavalerie. Nous avons dit qu’alors elle n’était plus attachée à chaque légion comme du temps de l’ancienne république ; et, s’il se trouvait encore des chevaliers romains dans les armées, on leur donnait des charges plus honorables que celles de simples cavaliers.

Pour se procurer la cavalerie nécessaire, on laissa aux gouverneurs le soin d’en lever dans la province confiée à leur administration, et lorsqu’elle ne pouvait pas en fournir suffisamment, on avait recours aux alliés qui, par cet envoi, s’acquittaient de certaines obligations contractées. La dépense qu’exigeait cet entretien était en partie à la charge de la province ; si cette dépense excédait ses facultés, on la portait sur les registres du questeur qui en faisait les frais aux dépens du trésor public.

César avait à peine mis le pied dans son gouvernement, qu’il fit de grands efforts pour rassembler une nombreuse cavalerie. Les quatre mile chevaux qu’il se procura vers le commencement de la guerre formaient un corps très formidable, eu égard à son infanterie qui n’était alors que de six légions. Nous avons vu qu’il ne se fiait pas d’abord à cette nouvelle milice ; mais il eut assez d’occasions dans la suite de mettre à l’épreuve l’attachement et la fidélité de ces escadrons gaulois. César comptait encore dans son armée des cavaliers Germains, un corps de cavalerie espagnole, et même des Numides.

On est étonné de l’industrie avec laquelle ce général pourvoyait à tous les besoins de la guerre. C’est ainsi qu’il

ii. 14