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santes machines, que les Bretons manœuvraient avec autant d’adresse que les Gaulois. Cassivellaunus connaissait tous les bois de son pays ; il harcela les Romains et leur fit beaucoup de mal dans cette guerre de chicane.

Cependant César parvint à intimider son ennemi à la suite d’une attaque dans laquelle Cassivellaunus avait espéré surprendre toute la cavalerie romaine. Les troupes bretonnes se débandèrent, et leur chef n’osa plus tenir la campagne.

Le proconsul profita de ce moment de terreur pour hâter sa marche, et arriva sur les bords de la Tamise, après avoir parcouru quatre-vingts milles depuis le lieu de son débarquement.

Le seul point qui fut guéable se trouvait défendu par une rangée de pieux épointés ; le rivage avait encore une palissade gardée par des troupes nombreuses. César ne craignit pas d’aborder ces obstacles, et les Romains, ayant de l’eau jusqu’aux épaules, forcèrent le passage.

Les connaissances de Cassivellaunus sur la guerre étaient certainement très-inférieures à celles de César, et les Bretons, malgré tout leur courage, ne pouvaient se comparer aux soldats légionnaires ; cependant, par un de ces coups hardis dont la réussite est presque toujours certaine, l’armée romaine tout entière fut sur le point d’être détruite.

Cassivellaunus avait imaginé de laisser César poursuivre ses succès dans l’intérieur du pays, et de fondre sur le camp retranché de la côte, qui renfermait les bagages et la flotte des Romains. Si ce chef breton eût été seulement un peu secondé dans cette diversion très-bien conçue d’ailleurs, César, sans subsistances et sans bagages, ne trouvait pas un seul vaisseau pour retourner dans les Gaules.

La défection de presque tous ses compatriotes ayant forcé Cassivellaunus à mettre bas les armes, César se hâta de quitter une contrée où il ne pouvait former aucun établissement.

À son retour, le proconsul tint l’assemblée des Gaules dans Samarobrive, ville bâtie sur les bords de la Somme, qui s’appelait alors Samara.

On a demandé si c’est Amiens, ou Saint-Quentin, ou même Cambray, bien que cette dernière ville ne soit point sur la Somme. Il eût mieux valu rechercher par qui fut composée l’assemblée qui s’y tint ; s’il n’y parut que des chefs Belges, ou si ceux des Celtes s’y trouvèrent ; si les Aquitains éloignés de Samarobrive y envoyèrent des députés ; si Galba, roi des Suessions, qui combattit César, et Commius qui régnait par ses ordres, et Divitiac, dont il avait fait massacrer le frère, et Indutiomar et Cingetorix, qui se disputaient l’autorité chez les Trévires, se trouvèrent à ce rendez-vous, et furent présidés par César ? Il n’en dit rien dans ses Mémoires ; il ne parle même pas des objets dont on s’occupa. Voyons donc les événemens qui suivirent.

On était en automne ; la moisson n’offrait point d’abondance ; César, afin de trouver plus aisément les moyens de nourrir ses troupes, étendit beaucoup ses quartiers d’hiver.

Il envoya Labiénus avec une légion chez les Rèmes, vers les confins des Trévires ; et Titurius Sabinus, à la tête d’une autre légion renforcée de cinq cohortes, alla maintenir les Éburons établis dans l’angle qu’on trouve au-dessus du confluent de la Meuse et du Rhin, aujourd’hui le territoire de Liége et de Maestrecht. Quintus Cicero occupa le pays Nervien, qui forme le Hainaut. Les autres légions étaient réparties chez les Morins ; en Belgique,