Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/243

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les copistes, ou inadvertance de la part du grand écrivain.

En effet, ce n’est pas la quantité de monde qui accélère la confection d’un ouvrage, mais bien l’ordre observé parmi les travailleurs. On admettra toujours difficilement que ces Gaulois, qui n’avaient d’autres outils que leurs épées pour couper la terre, et pas une seule voiture pour la transporter, aient pu terminer en trois heures, ces retranchemens de cinq lieues de tour.

Le septième jour du siége, un vent terrible s’étant élevé, Ambiorix fit lancer des dards enflammés et des boulets d’argile rougis au feu, sur le chaume qui couvrait les baraques du camp. L’incendie se manifesta bientôt, et les Barbares en profitèrent pour tenter une escalade. Jamais les soldats romains ne se montrèrent plus dignes que dans cette occasion, dit César.

Tandis que Quintus Cicero déployait toute son habileté, tout son grand courage, un Gaulois fut assez heureux pour porter ses lettres au proconsul. Plusieurs avaient échoué dans cette entreprise, et au moment où celui-ci plus heureux, parvint jusqu’à Samarobriva, César, qui ne savait rien de ces événemens, se disposait à passer en Italie.

Sa douleur fut violente. Il jura de ne plus couper ni sa barbe ni ses cheveux, que le meurtre de ses deux lieutenans, et le désastre de leurs cohortes ne fussent pleinement vengés.

Selon son usage, comptant plus sur la promptitude et la rapidité de ses mouvemens que sur le nombre de ses troupes, il rassemble à la hâte trois légions, en laisse une à Samarobriva, lui confie la garde de ses munitions et de ses bagages, et avec les deux autres légions qui ne présentaient pas un effectif de plus de sept mille hommes, il part en toute hâte au secours de Cicéron.

Il dirige ensuite un courrier vers Labienus, et lui donne l’ordre de faire avancer ses forces sur la Meuse ; enfin il instruit Cicéron de sa marche, et l’exhorte à persister dans sa courageuse défense. Labienus, environné d’ennemis, fut hors d’état de changer de position ; mais le cavalier gaulois qui portait le message pour les assiégés attacha sa dépêche à son javelot, et le lança dans le camp romain, suivant les instructions qu’il avait reçues.

Le trait se ficha dans une tour, et ce fut le troisième jour seulement que l’on recueillit la lettre. Il était temps ; le danger de Cicéron n’avait fait que s’accroître depuis l’envoi de la dépêche. Il assembla sa légion, qui fit éclater les transports de sa joie. Mais déjà, dans la plaine brillaient les feux incendiaires du proconsul.

Averti par cet indice, les Gaulois abandonnent la ligne de circonvallation, se portent avec toutes leurs forces au-devant de César, et s’établissent en deçà dans un large vallon que traversait un ruisseau.

César avait à peine sept mille hommes. Sa diligence lui devenant inutile, puisqu’il savait Cicéron hors de péril, il résolut de se poster le plus avantageusement possible, et de forcer son ennemi à venir l’attaquer dans cette forte position. Il était alors séparé des Gaulois par le ruisseau et le vallon ; ce terrain lui parut susceptible d’une bonne défense ; il y posa son camp et le fit retrancher solidement.

Il usa même d’artifice, et supposa qu’il parviendrait à dérober une partie de ses forces, en resserrant les intervalles de son camp, de manière que ses deux légions parvinssent à n’occuper que l’espace déterminé communément pour une seule.

Dans tous les engagement partiels,