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chevaliers dédaignèrent de se joindre à ce corps de fantassins qu’ils méprisaient. Environ dix-huit ans ensuite, le droit de cité fut donné aux Italiens ; alors on ne distingua plus l’infanterie des alliés de l’infanterie romaine, et leurs cavaliers commencèrent à se mêler avec eux. Enfin, après les guerres de Marius et de Sylla, les chevaliers, enrichis par les fermes publiques, prirent en dégoût le service qu’ils devaient à l’État. Ajoutez que les légions s’étant multipliées, tandis que le nombre des chevaliers avait été diminué par les massacres des guerres civiles, ils n’auraient pas pu suffire pour compléter la cavalerie.

Du temps de la conquête des Gaules, on ne voit, dans l’armée de César, que fort peu de chevaliers romains ; ils y sont partout distingués de la cavalerie composée de Gaulois, de Germains, d’Espagnols. Les chevaliers se joignent ordinairement aux évocats, aux tribuns même ; ils sont toujours chargés d’emplois importans. Les consuls qui faisaient la levée, n’en mettaient plus au nombre des légionnaires. On naissait chevalier ; c’était un titre de famille.

On trouve, sous les empereurs, des chevaliers romains de diverses conditions, selon les degrés de leur noblesse, de leur fortune, et de leur faveur. Les uns servaient comme cavaliers prétoriens, ou parmi ceux qu’on appelait singulaires, et qui faisaient partie de la garde du prince, d’où ils arrivaient aux préfectures ; les autres passaient du commandement d’une cohorte, à celui d’une aile, et enfin au tribunat d’une légion.

Les chevaliers les plus distingués devenaient intendans des provinces. Selon l’institution d’Auguste, l’Égypte se trouvait gouvernée par un chevalier romain. Mais la plus haute dignité attachée à leur ordre, était celle de préfet du prétoire.

L’ordonnance de la cavalerie chez les anciens, fut peu savante ; rien de plus imparfait que l’armure et l’équipage de leurs chevaux. Il est difficile de concilier les traditions de cette cavalerie numide, à qui les uns ne donnent pas de brides, tandis que d’autres lui font conduire deux chevaux à-la-fois. L’amour du merveilleux et de l’extraordinaire a défiguré les notions qui nous sont parvenues sur ce peuple ; ce qui parle certainement en sa faveur, c’est que les Romains, dès qu’ils eurent conquis l’Afrique, prirent des Numides dans leurs armées.

L’équipage du cheval romain se composait de deux couvertures de drap, ou de cuir, ou de peaux, assujéties par une sangle, un poitrail et une croupière ; la housse de dessus, moins longue que celle de dessous, avait les bords inférieurs festonnés. La housse de dessous se présentait plus ou moins grande, quelquefois unie, quelquefois bordée d’une frange. La croupière et le poitrail étaient ornés de glands, de fleurons et de croissans. Les deux housses s’attachaient ensemble par des nœuds de rubans, ou par quatre boutons et des courroies.

Les chevaux de bagage portaient aussi deux pièces d’étoffe, mais plus communes. Le dictateur C. Sulpicius, voulant imposer aux Gaulois par une vaine apparence, ordonne de décharger les mulets, leur laisse la double pièce d’étoffe, et y fait monter les valets de l’armée. Les généraux romains employèrent plusieurs fois ce stratagème ; Marius, selon Frontin, en usa vis-à-vis des Teutons.

Les sangles servirent, dans la suite, pour affermir la selle lorsqu’elle fut en usage ; ce qui n’arriva que fort tard,