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POLYBE, LIV. IV.

aussitôt et se mit à fuir vers les villes voisines ; l’autre tomba sur les gens de la phalange et les renversa ; de sorte qu’il ne fut nullement besoin de la présence de l’ennemi pour compléter la déroute. Orchomène et Caphyes, qui étaient proches, en sauvèrent un grand nombre. Sans ces deux villes, toute l’armée aurait couru grand risque d’être taillée en pièces. Telle fut la fin du combat livré près de Caphyes.

Quand les Mégalopolitains eurent avis que les Étoliens étaient campés près de Méthydrion, ils s’assemblèrent eu grand nombre au son des trompettes, et vinrent pour secourir les Achéens ; mais le combat s’était livré la veille, et, au lieu de combattre les ennemis avec des gens qu’ils croyaient pleins de vie, ils ne servirent qu’à leur rendre les derniers devoirs. Ayant donc creusé un fossé dans la plaine de Caphyes, ils y jetèrent les morts avec toute la religion que ces malheureux pouvaient attendre d’alliés tendres et affectionnés.

Cet avantage inespéré que les Étoliens avaient remporté par le moyen de leur cavalerie et de leurs troupes légères, leur donna la facilité de traverser impunément le Péloponnèse. Ils eurent la hardiesse d’attaquer la ville de Pellène, ils ravagèrent les terres des Sicyoniens, et enfin se retirèrent par l’isthme. Voilà la cause et le motif de cette guerre des alliés, et son commencement fut le décret que ces alliés, assemblés à Corinthe, portèrent, par les conseils de Philippe.




CHAPITRE IV.


Chef d’accusation contre Aratus. — Il se justifie. — Décret du conseil des alliés contre les Étoliens. — Projet ridicule de ce peuple. — Les Illyriens traitent avec lui. — Dorimaque se présente devant Cynèthe, ville d’Arcadie. — État funeste de cette ville. — Trahison de quelques‑uns de ses habitans.


Quelques jours après leur défaite, les Achéens s’assemblèrent, tous en général et chacun en particulier fort indisposés contre Aratus, qu’ils accusaient unanimement du mauvais succès du combat. Ce qui irrita davantage le peuple, furent les chefs d’accusation que les ennemis de ce préteur étalèrent dans le conseil contre lui : ils disaient que la première faute qu’il avait commise en cela, et dont il ne pouvait se justifier, avait été de hasarder de pareilles entreprises, où il savait qu’il avait souvent échoué, et de les hasarder dans un temps où il n’avait encore aucune autorité ; qu’une autre faute plus grande que la première, était d’avoir congédié les Achéens lorsque les Étoliens faisaient le plus de ravages dans le Péloponnèse, quoiqu’il sût que Scopas et Dorimaque ne cherchaient qu’à embrouiller les affaires et à soulever une guerre ; qu’en troisième lieu il avait eu très-grand tort d’en venir aux mains avec les ennemis avec si peu de troupes et sans aucune nécessité, pendant qu’il pouvait se mettre en sûreté dans les villes voisines, rassembler les Achéens, et alors attaquer les Étoliens, en cas qu’il crût y trouver de l’avantage ; qu’enfin c’était une faute impardonnable, puisqu’il avait résolu de combattre, d’avoir été assez imprudent pour charger les Étoliens, au pied d’une montagne, avec des soldats armés à la légère, au lieu de profiter de la plaine et de faire agir l’infanterie pesamment armée, ce qui lui aurait infailliblement procuré la victoire.