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POLYBE, LIV. XI.

des soldats mercenaires. Machanidas, ayant enfin rencontré un endroit où le fossé était aisé à franchir, pique son cheval et saute le fossé. Mais, dans ce moment-là même, Philopœmen lui lance sa javeline, puis l’achève avec la hampe. Anaxidame fut aussi tué par les deux amis de Philopœmen ; le troisième, pendant qu’on tuait les deux autres, désespérant de passer, prit la fuite. Simias dépouilla les deux morts, enleva les armes et la tête du tyran, et courut la montrer aux siens, afin qu’en la voyant ils ne pussent plus douter du sort de Machanidas, et poursuivissent avec plus d’ardeur les fuyards jusqu’à Tégée. Ce spectacle fit tout l’effet que l’on s’était proposé, car ils entrèrent d’emblée dans cette ville, et, dès le lendemain, maîtres de la campagne, ils campèrent sur le bord de l’Eurotas. Ainsi ce peuple, qui depuis long-temps n’avait pu chasser les ennemis de son pays, se vit alors en état de ravager sans crainte toute la Laconie. Cette bataille ne coûta pas beaucoup de monde aux Achéens, mais les Lacédémoniens n’y perdirent pas moins de quatre mille hommes, sans compter les prisonniers qui étaient encore en plus grand nombre. Le bagage et les armes tombèrent aussi entre les mains des Achéens. (Dom Thuillier.)


III.


Éloge d’Annibal.


On ne peut considérer le nombre d’années qu’Annibal a commandé, les batailles générales et les petits combats où il s’est trouvé, les siéges qu’il a faits, la révolte des villes qu’il avait conquises, les conjonctures fâcheuses où il s’est rencontré, la grandeur et l’importance de la guerre qu’il a faite aux Romains, dans le sein même de l’Italie, pendant seize ans, sans jamais donner relâche à ses troupes, que l’on ne soit transporté d’admiration. Quelle habileté dans l’art de conduire les armées ! quel courage ! quel usage et quelle expérience dans la guerre ! Comme un sage gouverneur, il a su tellement soumettre et contenir ses gens dans le devoir, que jamais ils ne se révoltèrent contre lui, et que jamais il ne s’éleva entre eux aucune sédition. Quoique son armée ne fût composée que de soldats de divers pays, Africains, Espagnols, Ligures, Gaulois, Carthaginois, Italiens, Grecs, qui n’avaient de commun entre eux ni lois, ni coutumes, ni langage, cependant il vint à bout par son habileté, de réunir toutes ces différentes nations, de les soumettre au commandement d’un seul chef, et de les faire entrer dans les mêmes vues que lui. On en serait peut-être moins surpris, si la fortune, toujours constante à son égard, ne lui eût jamais fait éprouver aucun revers ; mais non. Si souvent il a eu le vent en poupe, quelquefois aussi il a eu des tempêtes à essuyer. Quelle idée tout cela ne doit-il pas donner de l’habileté d’Annibal dans le métier de la guerre ! On peut assurer sans rien risquer, que si ce grand homme n’était venu chez les Romains qu’après avoir essayé ses forces dans les autres parties du monde, il n’aurait pas manqué un seul de ses projets ; mais il commença par où il devait finir. Comme les Romains furent le premier objet de ses exploits, il furent aussi l’écueil où ils échouèrent. (Dom Thuillier.)


IV.


Défaite d’Asdrubal, fils de Giscon, par Pub. Scipion.


Asdrubal ayant rassemblé ses troupes de toutes les villes où elles avaient