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POLYBE, LIV. XXII.


V.


Il n’est pas indifférent, et il devient, au contraire, fort intéressant de savoir si on connaît les choses par ouï-dire, ou pour les avoir vues. Chacun doit donc désirer parvenir à la connaissance certaine des événemens auxquels il a concouru.

L’honnête et l’utile vont rarement d’accord, et il est bien peu d’hommes qui puissent concilier ces deux avantages, et les faire marcher de front. On ne peut nier, en effet, que l’honnêteté ne soit souvent contraire à l’utilité présente, et réciproquement que l’utilité ne devienne aussi contraire à l’honnêteté. Néanmoins, dans cette circonstance, Philopœmen, qui cherchait à les réunir, parvint à l’objet de ses vœux. Il était, en effet, honorable de faire rentrer à Sparte les prisonniers exilés, et il était utile aux Lacédémoniens de cette ville avec humilité..... sage et ornée de toutes les vertus militaires..... pour traiter l’affaire d’Ariarathe..... revenu de Thrace..... obtenir du roi..... miséricorde et pardon..... qui était doué d’une grande âme..... il était préférable de voir les traités violés par les autres, que de donner les premiers l’exemple du parjure. Il valait mieux souffrir un dommage que de le faire supporter..... (Ibid.)


VI.


..... Philippe avait reçu beaucoup d’offenses des Athéniens, et cependant, après la victoire de Chéronée, il ne voulut pas abuser de l’occasion pour se venger de ses ennemis. Ce prince ordonna, au contraire, qu’on ensevelit les Athéniens restés sur le champ de bataille, et renvoya sans rançon les captifs, leur faisant même don des vêtemens qui leur étaient nécessaires. Ceux-ci sont bien loin d’imiter cette générosité, et semblent plutôt rivaliser de fureur et de cruauté envers ceux auxquels ils font la même guerre.

Quant à Ptolémée, il ordonna qu’on fît attacher ces hommes nus à des chars pour être ainsi traînés, et qu’on les massacrât après de telles tortures. (Angelo Mai, Jacobus Geel, ubi suprà.)




FRAGMENS
DU

LIVRE VINGT-DEUXIÈME.


I.


Demandes d’Eumène et des ambassadeurs dans le sénat. — Réponses qu’ils en reçoivent.


Eumène, les ambassadeurs d’Antiochus, ceux des Rhodiens et de tous les autres peuples arrivèrent à Rome sur la fin du printemps. Car presque toutes les nations de l’Asie, aussitôt après la bataille, y avaient député, parce qu’il n’y en avait pas une seule dont le sort ne dépendît du sénat. Ils furent tous reçus avec beaucoup de politesse ; mais on traita Eumène avec grande distinc-