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POLYBE, LIV. XXII.

jours après, il vint encore des ambassadeurs d’Acarnanie qui amenaient Damotèle avec eux ; car le consul, ayant été averti de l’accident qui était arrivé aux ambassadeurs étoliens, avait écrit aux Tyriens de les lui amener. Toutes ces ambassades rassemblées, on travailla vivement à la paix. Amynandre ne cessait d’y exhorter les Ambraciens, disant qu’elle n’était pas éloignée, pourvu qu’ils voulussent suivre de meilleurs conseils. Souvent il s’approchait du pied des murailles, et de là s’entretenait avec les assiégés. Ensuite, comme ils jugèrent à propos qu’il entrât dans la ville, il en demanda la permission au consul, qui la lui accorda : il entra donc et délibéra avec les Ambraciens sur l’affaire présente.

D’un autre côté, les ambassadeurs d’Athènes et de Rhodes, dans les fréquentes conversations qu’ils avaient avec le consul, tâchaient, par toutes séries de voies, de l’apaiser et de l’adoucir en faveur des Ambraciens. Quelqu’un alors suggéra à Damotèle et à Phénéas de voir et de cultiver C. Valérius, fils de ce Marcus Lævinus, qui le premier avait fait un traité d’alliance avec les Étoliens, et frère de mère de Marcus Fulvius, jeune officier plein d’esprit et de vivacité, qui avait auprès du consul beaucoup d’accès et de crédit. Damotèle ne manqua pas de lui recommander cette affaire, et Valerius, la regardant comme la sienne propre et se faisant un devoir de protéger les Étoliens, s’employa avec tout le zèle imaginable pour les remettre bien avec les Romains. Il se donna pour cela tant de mouvement, qu’il en vint heureusement à bout. Les Ambraciens cédèrent aux exhortations d’Amynandre, se rendirent à discrétion, et ouvrirent au consul les portes de la ville, à condition cependant, car ils ne se départirent point de la foi qu’ils devaient à leurs alliés, à condition, dis-je, que les Étoliens sortiraient bagues sauves pour se retirer dans leur patrie. Le traité de paix fut dressé du consentement du consul, et il portait en substance, que les Étoliens payeraient actuellement deux cents talens euboïques, et trois cents en six ans en payements égaux, cinquante chaque année ; que de là en six mois, ils rendraient sans rançon tous les prisonniers et tous les transfuges qu’ils avaient pris sur les Romains ; qu’ils n’auraient aucune ville soumise à leurs lois et à leur gouvernement ; qu’ils n’y en soumettraient aucune de celles qui avaient été prises par les Romains depuis que Titus Quintius était passé dans la Grèce, ou qui avaient fait alliance avec les Romains, et que les Céphalléniens ne seraient pas compris dans le présent traité. Ce n’était là que la première ébauche de ce traité, qui ne pouvait être ratifié avant que les Étoliens y eussent donné leur consentement, et que le rapport en eut été fait au sénat. Les ambassadeurs d’Athènes et de Rhodes restèrent à Ambracie en attendant le retour de Damotèle, qui était allé annoncer aux Étoliens de quoi on était convenu. Ils y consentirent d’autant plus volontiers qu’ils ne s’attendaient pas à tant de ménagement. Le retranchement des villes qui vivaient auparavant avec eux sous les mêmes lois leur fit d’abord quelque peine ; mais enfin ils y donnèrent encore les mains.

Ambracie rendue, le consul renvoya les Étoliens, comme il avait été réglé ; mais il en fit transporter tous les ornemens, les statues et les tableau qui étaient en grand nombre, parce que Ambracie avait été la capitale et le lieu de la résidence de Pyrrhus. On fit aussi présent à Fulvius d’une couronne de la valeur de cent cinquante talens. Il pé-