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POLYBE, LIV. XXII.

une couronne de la valeur de cinquante talens, deux mille médimnes d’orge et deux mille de froment. On lui donna ce qu’il voulait, et la paix fut conclue. (Ambassades.) Dom Thuillier.



Éposognat, roi dans la Gallo-Grèce, exhorte en vain les autres rois du même pays à se soumettre aux Romains.


Manlius envoya des ambassadeurs à Éposognat pour l’engager à députer aux autres rois de la Gallo-Grèce, et il en reçut peu après de la part d’Éposognat, qui le prièrent de ne pas se hâter de décamper et de ne point attaquer les Gaulois Tolistoboges ; qu’il irait lui-même trouver leurs rois, qu’il tâcherait de les porter à la paix, et qu’il leur persuaderait d’accepter les conditions qu’on leur proposerait, pour peu qu’elles leur parussent supportables..... (Ibid.)


Cn. Manlius, consul romain, s’étant avancé jusqu’au Sangaris, qu’il ne pouvait traverser à gué à cause de la profondeur de ses eaux, y fit jeter un pont. Au moment où il était campé sur la rive du fleuve, se présentèrent à lui des Gaulois, envoyés de Pessinunte par Altis et Battacus, prêtres de la Mère des dieux. Ces envoyés, qui portaient suspendus à leur cou des emblèmes et des figures, lui dirent que la Grande-Déesse présageait aux Romains la victoire et la puissance. Manlius les accueillit avec bienveillance. (Suidas in Γάλλοι.) Schweigh.


Mais, pendant que Manlius était auprès de la petite ville de Gorde, Éposognat lui envoya dire qu’il avait vu les rois des Gaulois, qui, loin de consentir à aucun accommodement, avaient assemblé sur le mont Olympe leurs femmes et leurs enfans, y avaient transporté tous leurs effets, et étaient prêts à se défendre. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Ortiagon, roi de Galatie, avait résolu de s’emparer de la domination sur tous les Galates de l’Asie. La nature et l’habitude lui étaient d’un puissant succès pour parvenir au but de ses efforts. Il se distinguait par sa libéralité et sa grandeur d’âme, et montrait autant d’urbanité que d’habileté dans les conseils et les conversations : et ce qui est surtout d’une grande importance chez les peuples de race gauloise, c’était un homme très-brave et tres-intrépide dans les combats. (Excerpta Valesiana.) Schweigh.


Chiomare, femme gauloise.


Dans la guerre où les Romains, sous la conduite de Manlius, vainquirent les Galates, Chiomare, femme d’Ortiagon, fut prise avec plusieurs autres Gauloises. Le centurion auquel elle était tombée en partage, homme avare et débauché, abusa d’elle indignement ; mais ensuite, vaincu par son avarice, sur l’offre qu’on lui fit d’une grosse somme d’argent s’il voulait lui rendre la liberté, il y consentit, et la conduisit lui-même au bord d’un fleuve qui séparait le camp romain de celui des ennemis. Les Galates qui apportaient le prix de sa rançon passèrent le fleuve, et comptèrent l’argent au centurion, qui leur remit Chiomare entre les mains. Elle fit signe à l’un d’eux de frapper le centurion qui lui disait adieu en l’embrassant. Le Galate la comprit et abattit la tête du centurion ; Chiomare la prit, l’enveloppa dans sa robe, et lorsqu’elle fut