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ESSAI
SUR
LES MILICES ROMAINES.


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CHAPITRE Ier.


Commencemens de la République. — Guerre des Romains contre les Gaulois.


Pour peu qu’on veuille pénétrer dans l’histoire de l’Italie et de la fondation de Rome, on ne trouve qu’un amas confus de petits peuples qui s’expulsent et se succèdent réciproquement. Vous voyez les Sicules chassés par les Aborigènes, et ceux-ci le sont à leur tour par les Pélages. Il est impossible de réduire en corps d’histoire tous ces faits isolés et sans aucune liaison.

On suppose, sur quelques phrases antiques, que ces peuples divers passèrent de l’Espagne, des Gaules et de l’Illyrie, jusque dans l’Italie. Ce qu’on lit à ce sujet paraît aussi obscur qu’inconcevable. Mais tout s’explique, si l’on veut admettre que ces peuples étaient des nomades errants ; que l’on a pris le nom d’une horde ou d’une tribu pour celui d’une nation ; que le vaincu fuyait au loin avec ses troupeaux et ses tentes ; et que souvent le vainqueur s’éloignait lui-même du lieu de son triomphe, pour aller chercher d’autres pâturages. L’histoire de tous ces peuples, prédécesseurs des Romains, ressemble à celle des Tartares.

Cet état de brigandage et d’ambulation dura jusqu’à ce que les colonies phéniciennes eussent peuplé et défriché les rivages de la Sicile, de l’Italie, de l’Espagne, et qu’au moyen des citadelles, on fût parvenu à éloigner ou contenir les nomades de ces rives. Après le siége de Troye, plusieurs colonies Grecques et Phrygiennes passèrent dans l’Italie, et achevèrent de contraindre les nomades de cette péninsule à se réfugier dans les montagnes ou à embrasser la vie des agriculteurs.

C’est à cette grande époque de la prise de Troye et du passage des Grecs dans l’Italie, que se fit la révolution qui changea en peuples agricoles et policés les hordes nomades et vagabondes qui vivaient dans ces contrées ; mais, les mœurs se ressentirent encore, pendant plusieurs siècles, de la vie errante qu’elles avaient menée si long-temps.

Dans ce passage de la vie pastorale à la vie agricole, les premières familles qui se fixent, s’emparent de quelques cantons et les cultivent ; le reste des terres n’appartient à personne, les possesseurs n’ayant d’autre titre que celui du premier occupant. Bientôt les agriculteurs forment de petites villes, afin de se défendre des familles nomades qui

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