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POLYBE, LIV. XXVII.

Sage politique d’Hégésiloque, prytane des Rhodiens, pour conserver à sa nation l’amitié du peuple romain.

Vers cette époque, Tibérius et Postumius, parcourant les îles et les villes de l’Asie, séjournèrent long-temps dans Rhodes, quoique leur présence y fût alors peu nécessaire ; car Hégésiloque, homme d’une grande distinction, qui était prytane, et qui, dans la suite, fut envoyé à Rome en qualité d’ambassadeur, Hégésiloque, dis-je, n’eut pas plutôt découvert que les Romains devaient déclarer la guerre à Persée, qu’il exhorta ses concitoyens non-seulement de se joindre à eux, mais encore de radouber quarante vaisseaux, afin que si les Romains en avaient besoin, ils ne perdissent pas de temps à les attendre, mais qu’ils les trouvassent tout prêts. Il les montra tels, en effet, aux deux commissaires romains, qui sortirent très-satisfaits de la ville. Ils louèrent extrêmement son zèle et son attachement pour la république romaine, et revinrent ensuite à Rome. (Ibid.)


Persée envoie des ambassadeurs chez les Rhodiens pour sonder leurs intentions.


Persée, après avoir quitté les commissaires romains, renferma dans une lettre toutes les raisons sur lesquelles son droit était appuyé, et tout ce qui s’était dit de part et d’autre dans la conférence. Il avait pris cet expédient, tant parce qu’il s’imaginait que ses raisons l’emporteraient sur celles des commissaires, que parce qu’il voulait sonder par là quelles étaient à son égard les dispositions de chaque peuple. Il ne se servit que de courriers pour envoyer sa lettre dans les autres endroits, mais il distingua Rhodes, et y députa Anténor et Philippe, qui d’abord donnèrent la lettre du roi aux magistrats. Quelques jours après ils entrèrent dans le conseil. Là ils exhortèrent les Rhodiens à demeurer en repos, et à attendre, en simples spectateurs, le parti que prendraient les Romains. « S’ils entreprennent, dirent-ils, d’attaquer Persée et les Macédoniens malgré les traités qui ont été faits avec eux, vous serez, Rhodiens, les médiateurs entre les deux peuples ; tout le monde est intéressé à les voir vivre en paix, mais il ne sied à personne plus qu’à vous de travailler à les réunir. Défenseurs non-seulement de votre liberté, mais encore de celle de tout le reste de la Grèce, plus vous avez de zèle et d’ardeur pour la conservation d’un si grand bien, plus vous devez vous mettre en garde contre quiconque aurait ou pourrait vous inspirer des sentimens contraires. » Ils dirent plusieurs choses semblables, qui furent écoutées avec plaisir. Mais ils parlaient à des esprits prévenus en faveur des Romains, et dans lesquels l’autorité du meilleur parti avait pris le dessus. On fit beaucoup de civilités et de politesses aux ambassadeurs ; mais la réponse fut qu’on priait Persée de ne rien demander aux Rhodiens qui pût les faire passer pour contraires aux intérêts de Rome. Anténor ne prit pas cela pour une réponse ; mais, content d’ailleurs des amitiés qu’il avait reçues des Rhodiens, il prit la route de Macédoine. (Ibid.)


Ambassades réciproques de Persée chez les Béotiens, et des Béotiens chez Persée.


Persée, informé que quelques villes de Béotie lui étaient encore attachées, leur envoya Antigone, fils d’Alexandre, en qualité d’ambassadeur. Anti-