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POLYBE, LIV. XXIX.

ou quarante mille hommes. Ce discours toucha la multitude, et il n’y eut personne qui ne se sentît porté à envoyer du secours aux rois d’Égypte. Le lendemain, qui était le jour que le conseil devait faire son décret, Lycortas proposa celui-ci : qu’il fallait envoyer du secours ; mais Callicrate proposa, au contraire, qu’il fallait envoyer des ambassadeurs à Antiochus pour le porter à faire la paix avec les Ptolémées. Nouvelle délibération, nouvelle dispute, mais où Lycortas eut une grande supériorité. Il compara ensemble les deux royaumes, et en fit voir la différence ; qu’à la vérité, Antiochus avait donné à la Grèce des preuves de sa grandeur d’âme et de sa générosité, mais que dans les siècles passés on ne trouvait presque aucun vestige de liaison entre la Syrie et les Grecs ; au lieu qu’autrefois ils avaient reçu tant de bienfaits de l’Égypte, que personne n’en avait été plus favorisé. Lycortas appuya sur cette différence avec tant de force et de dignité, qu’on la sentit tout entière, et que l’on conçut une grande idée des rois d’Égypte. En effet, autant il était difficile de compter le nombre des bons offices que les rois d’Alexandrie avaient rendus, autant il était impossible de découvrir quel avantage était jamais venu aux Achéens de la part du royaume de Syrie. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Fourberie de Callicrate pour empêcher que les Achéens n’envoyassent du secours aux Ptolémées.


Andronidas et Callicrate, voyant que, malgré les instances qu’ils faisaient depuis quelque temps, ils ne pouvaient persuader à personne qu’il fallût travailler à mettre la paix entre les rois d’Égypte et celui de Syrie, s’avisèrent de ce stratagème : ils introduisirent sur le théâtre un courrier qui, de la part de Quintus Marcius, apportait une lettre, par laquelle ce consul exhortait les Achéens à s’entremettre pour finir la guerre qui était entre les Ptolémées et Antiochus, et à se conformer en cela aux intentions des Romains, qui avaient envoyé Némésius vers eux pour le même sujet. Or, cela n’était qu’un vain prétexte ; car Titus, ayant essayé de pacifier ces princes, était retourné à Rome sans avoir rien fait. Polybe alors, n’osant contredire la lettre qu’il croyait de Marcius, renonça au gouvernement des affaires publiques, et les Ptolémées ne reçurent pas les secours qu’ils demandaient. Il fut donc fait un décret par lequel il était ordonné qu’on députerait vers les rois pour les mettre d’accord, et l’on choisit pour cette ambassade Archon d’Égire avec Arcésilas et Ariston, tous deux de Mégalopolis. Les ambassadeurs des Ptolémées, frustrés du secours qu’ils espéraient, donnèrent aux magistrats une lettre de la part de leurs maîtres, par laquelle ces princes demandaient Lycortas et Polybe, pour les employer dans la guerre qu’ils avaient à soutenir. (Ibid.)


Popilius va en qualité d’ambassadeur trouver Antiochus en Égypte. De là il passe dans l’île de Chypre. — Ce qu’il y fait.


Antiochus marchait vers Ptolémée pour s’emparer de Péluse, lorsque, rencontrant Popilius, capitaine romain, il le salua de loin et lui tendit la main. Alors Popilius avait dans la sienne des tablettes où était écrit le décret du sénat. Il les présenta au roi et lui ordonna de les lire avant toutes choses, ne voulant, comme je crois, lui donner aucune marque d’amitié