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César.

tout échevelées, les exhortaient à ne pas les livrer aux Romains. Ces nations allemandes étaient les peuples de Constance, de la Bohème, de Strasbourg, de Mayence et de Worms, de Spire et de Souabe.

52. César, après avoir mis un de ses lieutenans et son questeur à la tête de chaque légion, pour être témoins de la valeur de chacun, commença l’attaque par l’aile droite où l’ennemi paraissait plus faible. Ses troupes, qui n’attendaient que le signal pour donner, marchèrent aussitôt aux ennemis qui, de leur côté, en vinrent aux mains si promptement, qu’on n’eut pas le temps de lancer le pilum ; en sorte qu’on s’en débarrassa pour mettre l’épée à la main. Les Allemands, selon leur coutume, se serrèrent en phalange pour soutenir notre choc ; et en cet état il se trouva quantité de nos gens qui se lancèrent sur eux, leur arrachèrent leurs boucliers et les blessèrent d’en haut. Leur aile gauche fut rompue et mise en déroute ; mais la droite pressait vivement nos gens par son grand nombre. Le jeune P. Crassus, qui commandait la cavalerie, et qui n’était pas si engagé dans la mêlée, s’en étant aperçu, marcha avec la troisième ligne au secours de nos gens.

53. Le combat ayant été rétabli par ce moyen, l’ennemi tourna le dos de tous côtés, et ne s’arrêta qu’au Rhin, qui était environ à cinquante milles du champ de bataille. Les uns tâchèrent de se sauver à la nage, d’autres sur de petits bateaux ; Arioviste fut de ce nombre, en ayant trouvé un attaché au rivage ; le reste fut taillé en pièces par notre cavalerie qui était à leur poursuite. Deux femmes d’Arioviste y périrent : l’une, qu’il avait amenée avec lui, était de Souabe ; l’autre, qu’il avait épousée dans les Gaules où son frère l’avait envoyée, était de Bavière et sœur du roi Vocion : de ses deux filles, l’une fut prise, l’autre tuée. César, qui poursuivait la cavalerie ennemie, rencontra C. Valérius Procillus qu’on emmenait lié de trois chaînes ; et il n’eut pas moins de joie de délivrer lui-même le plus honnête homme de la Gaule narbonnaise, son ami et son hôte, que d’avoir battu l’ennemi. Sa satisfaction fut entière : car Procillus lui apprit qu’on avait trois fois consulté le sort en sa présence, pour savoir si on le ferait brûler sur-le-champ, ou si l’on remettrait ce supplice à un autre temps, et qu’il devait la vie à sa bonne fortune. On trouva ainsi M. Mettius, et on le ramena.

54. À la nouvelle de la défaite d’Arioviste, les peuples de Souabe abandonnèrent le Rhin pour retourner chez eux et les Ubiens qui habitent le voisinage de ce fleuve, les voyant effrayés, les poursuivirent, et en tuèrent un grand nombre. Ces deux guerres importantes ainsi terminées dans une seule campagne, César mit ses troupes en quartier d’hiver dans la Franche-Comté un peu plus tôt qu’à l’ordinaire, sous les ordres de Labiénus ; et il alla tenir les états dans la Lombardie.



LIVRE SECOND.

Guerre des Belges. — Soumission du Soissonnais, du Beauvoisis et de l’Amiénais. — Défaite de ceux du Hainaut. — Ruine entière de ceux de Namur.
An avant J. C. 57, de Rome 597.

1. Tandis que César passait l’hiver dans la Lombardie, comme on l’a dit plus haut, il lui venait souvent des avis, et Labiénus lui confirmait, par ses lettres, que les Belges qui, comme on l’a vu, font la troisième partie de