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végèce, liv. iv.


rempart. Ces deux murailles ainsi soutenues par de la terre battue résistent au bélier ; car, supposé que quelques pierres s’en détachent, la masse de terre condensée entre deux forme une espèce de mur capable seul de résister au choc du bélier.


CHAPITRE IV.

Des portes et des herses.

Pour empêcher que l’assiégeant ne brûle les portes, il faut y appliquer des lames de fer ou de cuir. Il est encore mieux de construire, à quelque distance de la porte en dehors, une espèce de mur ou boulevard, au haut duquel il y a une herse suspendue par des anneaux de fer et des cordes. Dès que l’assiégeant s’est engagé entre la herse et la porte vous le tenez à votre merci en laissant tomber la herse. Cette invention nous vient des anciens. Il faut encore pratiquer une saillie au dessus de la porte avec des ouvertures d’où on puisse jeter de l’eau sur le feu que l’ennemi aurait allumé.


CHAPITRE V.

Des fossés.

Il faut faire les fossés d’une ville très-larges et très-profonds, jusqu’à l’eau même, s’il se peut, afin que l’assiégeant ne puisse ni les combler ni miner dessous : car, c’est par la profondeur du fossé et par l’eau qui y regorge, que l’assiégé rend le travail des mineurs inutile.


CHAPITRE VI.

Des moyens de se parer des flèches de l’assiégeant.

Il est à craindre que les archers des assiégeans, se présentant en grand nombre, ne chassent les assiégés du rempart à coups de flèches, et ne s’y logent eux-mêmes à l’aide des échelles. C’est pourquoi il faut toujours avoir des arsenaux bien munis de cuirasses et de boucliers. Il y a encore une autre espèce de défenses, ce sont des casaques et des cilices qu’on étend en forme de mantelets pour amortir les coups de flèches ; car elles ne traversent pas aisément ce qui prête et ce qui flotte. On a encore imaginé de placer sur le mur, des boîtes pleines de pierres, entre ces tours dont nous avons parlé et lorsque les assiégeans y tentent l’escalade on les écrase à coups de pierres.


CHAPITRE VII.

Des moyens de prévenir la famine dans une place assiégée.

Il y a plusieurs méthodes d’attaque et de défense, dont on traitera dans la suite de cet ouvrage. Il suffit de dire ici qu’on peut former un siège de deux manières : la première, en s’emparant des hauteurs voisines qui commandent la place, et en la pressant par de fréquentes attaques. La seconde, en coupant les vivres à l’assiégé, afin de le réduire par la soif ou par la faim. L’assiégeant qui prend ce dernier parti cause beaucoup de fatigues à l’assiégé, sans la partager et sans courir même aucun danger. C’est pourquoi, si vous prévoyez avoir un siège à soutenir, faites serrer avec beaucoup d’exactitude