Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/443

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j’ai pris pour les exposer la voie qui pouvait le plus soulager le lecteur et le satisfaire, en rapprochant celles qui avaient entre elles de l’analogie. Deux pensées jointes immédiatement, ont souvent plus de force, et se prêtent plus de jour l’une à l’autre que si elles étaient coupées par d’autres qui n’y eussent pas de rapport. Un grand nombre de ces maximes sont tirées de Polyen, de Frontin, de Végèce, du Poliorcéticon d’Énée, d’Homère, de Polybe, de Xénophon ; de Plutarque d’autres sont comme des ordonnances relatives à son temps, ou des préceptes qu’il a formés lui-même.

Cet ouvrage est termine par une espèce de sommaire en forme de conclusion, divisé aussi par articles, qui, à quelques superfluités près que j’ai abrégées, est un morceau précieux. L’empereur Léon avait annoncé dans sa préface qu’il serait court, précis, et ne dirait rien de trop ; mais il n’a pas toujours tenu parole. J’espère qu’on ne me saura pas mauvais gré de l’avoir corrigé, quand j’ai pu, sans le défigurer.

Comme je n’ai point dissimulé les défauts de mon auteur, et ne l’ai point vanté en charlatan, il est juste aussi que je le justifie du vice de plagiat, qu’on a voulu lui imputer, ce qui paraîtrait devoir lui laisser peu de mérite. Il est vrai qu’il a beaucoup pris dans les livres de l’empereur Maurice[1] qui avait écrit sa Tactique environ trois cents ans avant lui. Tout ce qui concerne l’ordonnance de la cavalerie, son équipement, ses armes, ses exercices, ses ordres de bataille, en est tiré, ainsi que la plupart des règlemens sur la discipline, et diverses maximes touchant les marches et les opérations de guerre. L’empereur Léon a conservé ce qu’il y a vu de bon et d’utile, à quoi il joint ses propres idées. On peut dire que c’était un fondement qu’il a trouvé tout fait, sur lequel il a élevé son édifice.

Le traducteur de Végèce a eu raison de dire que le livre de l’empereur Léon ne présente qu’une faible idée de la puissance et de la milice des anciens Romains. Ce n’est point là en effet où il faut les étudier, puisqu’il n’y est pas seulement parlé de la légion, et que la plupart des principes de cet ouvrage sont pris des

  1. Cet ouvrage, intitule Stratégicon, est divisé en douze livres, et chaque livre en plusieurs chapitres, la plupart très-courts ; malgré cela toutes les matières y sont confondues il n’y a ni ordre, ni méthode, et presque rien n’est achevé.