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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/88

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césar.

sons, et dont le haut se partage en plusieurs branches comme une palme ; le mâle et la femelle se ressemblent, et leurs cornes ont la même forme et la même grandeur.

27. D’autres qu’on nomme élans, ont la figure d’une chèvre, et la peau tachetée ; mais ils sont un peu plus grands ; ils n’ont point de cornes, point de jointures aux jambes, et ne peuvent par conséquent ni se coucher, ni se relever dans leur chute. Les arbres leur servent de lit, ils s’appuient contre, et se reposent en s’inclinant un peu. Lorsque les chasseurs ont découvert à leurs traces les arbres contre lesquels ils vont gîter ; ou ils les détruisent par la racine, ou ils les scient, de manière qu’ils puissent encore se soutenir debout, et lorsque l’animal vient s’appuyer contre, il les renverse par sa pesanteur, et tombe avec ces arbres : c’est ainsi qu’on s’en rend maître.

28. Une troisième espèce est celle des taureaux sauvages, un peu plus petits que les éléphans. Du reste pour la forme, l’apparence et la couleur, ils ressemblent aux taureaux privés ; mais ils sont très-forts et très-légers à la course, de sorte qu’ils n’épargnent ni les hommes, ni les animaux, quand ils en ont aperçu : on les prend dans des fosses faites exprès, et on les y assomme. C’est par cette sorte de chasse que les jeunes gens s’exercent et s’endurcissent au travail ; ceux qui en tuent le plus, et qui en rapportent les cornes pour preuve, reçoivent de grandes louanges. Ces quadrupèdes ne se peuvent apprivoiser, quelque petits qu’on les prenne. La grandeur, la forme et la nature de leurs cornes sont fort différentes de celles de nos bœufs. On les recherche avec un grand soin ; on les garnit d’argent par le bord, et l’on s’en sert à boire dans les festins.

29. César instruit par les coureurs de ceux de Cologne que les Suèves s’étaient rétirés dans leurs forêts, résolut de ne pas avancer plus loin, de peur de manquer de vivres, parce que, nous l’avons déjà dit, les Allemands ne cultivent que peu leurs terres. Mais pour retenir ces peuples par la crainte de son retour, et les empêcher d’envoyer du secours en Gaule, après avoir fait passer le Rhin à son armée, il ne fit couper de son pont qu’environ deux cents pieds du côté qui touchait au territoire de Cologne ; et au bout opposé qui touchait à la Gaule, il fit bâtir une tour à quatre étages, y laissa douze cohortes en garnison ; fortifia particulièrement ce poste, et en donna le commandement au jeune C. Volcatius Tullus. Pour lui, comme les blés commençaient à mûrir, il marcha contre Ambiorix et traversa la forêt des Ardennes, qui est la plus grande des Gaules, et qui s’étend depuis le Rhin et les frontières de Trèves jusqu’au Hainaut, sur un espace de près de deux cents lieues. Il fit prendre les devans à L. Minucius Basilus avec toute la cavalerie, espérant que par sa diligence, il pourrait profiter de quelque circonstance favorable. Il l’avertit de ne pas faire allumer de feu dans son camp, de peur qu’on ne s’aperçût de loin de son arrivée ; il l’assura qu’il le suivrait incessamment.

30. Basilus obéit ponctuellement et sa marche ayant été plus rapide que ne pensèrent les Barbares, il en surprit plusieurs dans la campagne. Sur ce qu’il apprit d’eux, il marcha contre Ambiorix, qui, suivant les rapports, n’avait que peu de cavalerie avec lui. Dans toutes les entreprises, même dans les militaires, la fortune a toujours la plus grande part. En effet, comme ce fut un grand hasard de surprendre Am-