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que fait Hérodote des trois grandes actions des Grecs contre les Perses. La première, quand ceux-ci, du temps de Darius, firent une descente dans l’Attique et furent battus à Marathon par les Athéniens, qui formèrent avec art leurs ordres de bataille et combattirent de même. La seconde est celle des Thermopyles, où l’on voit bien une grande valeur dans les Lacédémoniens, commandés par Léonidas, mais beaucoup d’incertitude pour prendre un parti propre à défendre l’entrée de leur pays, et d’ailleurs des mesures mal prises pour y réussir, ce qui fut cause de leur perte. La troisième est la bataille de Platée, où les Grecs, au nombre de cent mille hommes, commandés par Pausanias, combattirent contre les Perses au nombre de trois cent mille, commandés par Mardonius, qui vint les attaquer dans le temps qu’ils étaient en marche ; et comme cette marche avait été mat concertée, faite de nuit, et que leurs colonnes avaient été séparées, les Grecs eussent été battus, si l’ordre de bataille observé par chaque nation qui composait leur armée, quoique ces corps fussent séparés les uns des autres, n’eût été plus fort que celui des Perses, malgré leur supériorité par le nombre. De plus, c’est que les Grecs étaient mieux armés et dressés pour toutes les différentes actions ; ainsi, maigre le désordre où ils s’étaient mis par leur faute, ils ne laissèrent pas d’être victorieux.

Voilà ce que j’avais à dire pour ce qui regarde la guerre de ces nations sur terre quant à celle de mer, la bataille de Salamine, que les Grecs gagnèrent contre les Perses dans ce temps-là, marqueteur supériorité en tout sur les autres nations ; supériorité qu’ils n’avaient pas acquise par leurs forces, mais par leur art et science, et dans laquelle ils se sont maintenus après Homère, ayant conservé te même ordre de bataille, et toujours été bien armés, bien disciplines et bien exercés.

Entre Homère et Xénophon, je n’ai trouvé aucun auteur qu’Hérodote qui ne me parait pas avoir jamais su la guerre ; c’est ce que l’on peut conclure de la quantité de choses absurdes qu’il débite, de sorte que pour y asseoir quelque jugement, il faut avec peine y démêler ce qu’il y a de plus vraisemblable.


Remarques sur la retraite des Dix-Mille par Xénophon[1], et sur sa Cyropédie[2].

Quand on lit les auteurs anciens, il faut avoir égard aux usages, aux coutumes et aux mœurs de ces temps-là, et non pas rapporter tout à ce qui se pratique aujourd’hui.

L’histoire de la retraite des Dix-Mille, par Xénophon, est du commencement à la fin le tissu d’une conduite achevée dans l’art de la guerre. C’est un livre fort instructif, lorsqu’on en fera observer tous les endroits remarquables.

Il est certain que les Grecs, même au temps presque fabuleux d’Homère, formaient de bons ordres de bataille, et savaient beaucoup de parties de l’art militaire. Qu’ils les eussent apprises par expérience dans là guerre, ou que ce soit par principes et par règles, c’est ce qu’il faut chercher à connaître.

Dans la retraite des Dix-Mille, après qu’il a été fait mention de la bataille que perdit avec la vie le jeune Cyrus, il est dit au livre II, section 1… « Sur les dix heures il vint des hérauts avec

  1. Traduction de Dablancourt.
  2. Traduction de Charpentier.