Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1108

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de là vient la confusion des usages, où chacun a augmenté ou retranché. Ces usages sont cependant respectés, à cause de leur illustre origine ; mais quand on lit Montecuculli, qu’était contemporain et qui est le seul général qui soit entré dans quelques détails, on reconnaît que nous nous sommes plus écartés de la méthode de Gustave-Adolphe, qu’il ne s’était éloigné de celle des Romains. Il n’y a donc plus que des usages dont les principes nous sont inconnus.

J’approuve la noble hardiesse du chevalier de Folard, le seul qui ait osé franchir les bornes des préjugés. Rien n’est si pitoyable que d’en être l’esclave ; c’est encore une suite de l’ignorance, et rien ne la prouve tant. Mais il va trop loin ; il avance une opinion qui en détermine le succès, sans-faire attention que ce succès dépend d’une infinité de circonstances que la prudence humaine ne saurait prévoir. Il suppose toujours les hommes braves, sans faire attention que la valeur des troupes est journalière que rien n’est si variable, et que la vraie habileté d’un général consiste à savoir s’en garantir par les dispositions, par les positions et par ces traits de lumière qui caractérisent les grands capitaines. Peut-être n’y a-t-il pas fait attention. C’est pourtant, de toutes les parties de la guerre, la plus nécessaire à étudier.

Telles troupes seront infailliblement battues dans les retranchemens, qui, en attaquant, auraient été victorieuses. Peu de gens en donnent une bonne raison’: elle est dans le cœur humain on doit l’y chercher. Personne n’a traité cette matière, qui est la plus considérable dans le métier de la guerre, la plus savante, la plus profonde, et sans laquelle on ne peut se flatter que des faveurs de la fortune, qui quelquefois est bien inconstante. Je vais rapporter un fait entre mille autres, pour appuyer mon opinion sur l’imbécillité du cœur humain.

À la bataille de Friedlingen, l’infanterie française, après avoir