Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 5, 1844.djvu/511

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fut investie par une armée de soixante mille hommes sous les ordres du prince royal de Suède. Ce dernier invoquant les souvenirs d’une ancienne amitié, essaya d’entamer des négociations avec l’inflexible gouverneur, qui n’écouta que la voix de l’honneur. Consignons ici un fait qui prouve que Carnot sut concilier ses devoirs avec ceux de l’humanité. Le conseil de défense avait reconnu la cruelle nécessité, pour dégager les abords de la place, de détruire le riche et populeux faubourg de Bourgterhoud ; Carnot réunit les habitans : « Votre faubourg est condamné, leur dit-il, mais je veux tenter de le sauver ; faites entrer dans la place vos femmes, vos enfans, vos bestiaux, vos meubles ; vous, cependant, restez dans vos maisons. Jurez-moi d’y mettre vous-mêmes le feu lorsque le moment sera venu, et je vous donne ma parole de n’exiger de vous ce douloureux sacrifice qu’à la dernière extrémité. » Cependant les événemens se pressaient ; Louis XVIII était rentré à Paris ; Carnot eut ordre de rendre Anvers, et les habitans de Bourgterhoud, qui devaient à son humanité la conservation de leurs propriétés, consignèrent leur reconnaissance en plaçant au-dessus de la porte de France cette inscription Faubourg Carnot. Ceci prouve également en faveur des Anversois, du général Carnot et du Roi qui voulut que l’inscription fût respectée. Les Français cependant n’oublieront jamais l’hospitalité accordée par Guillaume Ier à nos proscrits qui bientôt après trouvèrent dans ses États asile et protection les Nassau sont de nobles princes placés à la tête d’une noble nation.

Au 20 mars 1815, Carnot fut chargé du portefeuille de l’intérieur, et dans ce poste, le plus délicat de tous, il rendit encore d’éminens services au pays ; on lui doit l’organisation de nombreux bataillons de gardes nationales, destinés à être mobilisés, et que la catastrophe de Waterloo rendit inutiles ; la création de vastes ateliers de fabrication d’armes, où il avait appelé tous les ouvriers en fer et en cuivre, les mécaniciens, les fondeurs de la capitale ; la création d’hôpitaux