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NOTICE.


Cette notice, comme tout l’ouvrage, a été dictée par Napoléon.

Napoléon a commencé ses Mémoires par le siège de Toulon. Il n’a point considéré comme étant du domaine de l’histoire ce qu’il a fait avant cette époque mais la curiosité publique veut être satisfaite sur l’origine et les progrès de l’élévation d’un homme qui a joué un si grand rôle. Nous croyons donc faire une chose convenable en plaçant ici une notice sur sa famille, sur son enfance et ses débuts dans la carrière.

Les Bonaparte sont originaires de Toscane. Dans le moyen âge, on les voit figurer comme sénateurs des républiques de Florence, de San-Miniato, de Bologne, de Sarzane, de Trévise, et comme prélats attachés à la cour de Rome. Ils eurent des alliances avec les Médicis, les Ursins et les Lomellini. Plusieurs furent employés dans les affaires de leur pays d’autres s’occupaient de littérature au moment où les lettres commençaient à renaître en Italie. Un Joseph Bonaparte publia une des premières comédies régulières de cette époque, intitulée la Veuve ; on en trouve des exemplaires dans les bibliothèques d’Italie et dans la bibliothèque royale de Paris. On y trouve également l’histoire du siège de Rome par le connétable de Bourbon, dont Nicolas Bonaparte, prélat romain, est l’auteur sa relation est assez estimée. Les littérateurs, à qui aucun rapport de circonstance n’échappe, remarquèrent, en 1797, que, depuis Charlemagne, Rome avait été menacée deux fois par de grandes armées étrangères ; qu’à la tête de l’une était le connétable de Bourbon, et, à la tête de l’autre, un des arrière-neveux de son historien.

Lorsque l’armée française entra à Bologne, le sénat ne manqua pas de faire présenter son livre d’or au général en chef, par les comtes Marescalchi et Caprara, pour attirer son attention sur le nom de plusieurs de ses ancêtres inscrits parmi les sénateurs qui avaient illustré leur ville.

Dans le quinzième siècle, un cadet de la famille Bonaparte s’établit en Corse[1]. Lors de la campagne d’Italie, il ne restait plus, de toutes les branches italiennes, que l’abbé Gré-

  1. Note de l’éditeur. — Zopf, dans son Précis de l’Histoire universelle, 20e édition, dit qu’un rejeton de la famille des Comnène, qui avait des droits au trône de Constantinople, se retira en Corse en 1462, et que plusieurs membres de cette famille portèrent le nom de Calomeros, parfaitement identique avec celui de Bonaparte, bona parte καλόν μέρος. Il en résulterait que ce nom a été italianisé.

    Nous ne croyons pas que cette circonstance ait jamais été connue de Napoléon.