Page:Lissagaray - Alfred de Musset devant la jeunesse, Cournol, 1864.djvu/38

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Allez, vous ne les ferez jamais aussi misérables ni aussi ridicules par leur misère qu’ils se sont faits eux-mêmes. Voici ce qu’écrivait un de ces Duponts :

« Depuis quinze jours, je mange du pain et je bois de l’eau ; je travaille sans feu, et j’ai vendu jusqu’à mes habits pour fournir aux frais de copie de mon travail. C’est la passion de la science et du bonheur public, c’est le désir de trouver un moyen de terminer d’une manière douce l’effroyable crise dans laquelle toute la société européenne se trouve engagée, qui m’a fait tomber dans cet état de détresse ». Il s’appelait celui-là Saint Simon.

Ils vous faisaient peur à vous, M. de Musset, ces hommes dont vous ne compreniez pas la langue, et votre étonnement, quand vous dénonciez le mot humanitaire comme un barbarisme, était plus profond que vous ne vouliez le laisser croire. Vous avez bien, en vérité, à vous occuper de ce que peut devenir l’humanité. A la bonne heure, parlez-nous la langue du bon vieux temps ; Marly vous réclame.

Quel mot vous prononcez, marquise ? et quel dommage !

Restez-là. Car ils vous font peur ces hommes à la figure sombre ; rustres et manants révoltés de la Constituante et de la Convention, qui viennent brutalement faire évanouir les rêves roses de vos comédies de boudoir. Mais arrêtez-vous là, car nous vous défendons, en les insultant, de nous insulter aussi. Et lorsque vous aurez la bassesse de venir dire :

« Depuis que le monde existe, il est certain que quiconque n’a que deux sous et en voit quatre à son voisin, où une jolie femme, désire les lui prendre, et doit conséquemment dans ce but parler d’égalité, de liberté, d’égalité des droits de l’homme, etc. »

Nous vous répondrons en leur nom comme au nôtre :

Nous croyons et nous professons hautement qu’en réclamant nos droits nous accomplissons un devoir, nous croyons