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sortir de la mairie du IIIe, quelques-uns des délégués de bataillons qui appartenaient aussi aux groupes de la Corderie vinrent raconter la séance et la résolution désespérée. On s’efforça de les dissuader et des orateurs furent envoyés au Wauxhall où se tenait une grande réunion. Ils purent se faire écouter. Beaucoup de citoyens firent aussi de grands efforts pour réveiller la raison. Le 28 au matin, les trois groupes de la Corderie publièrent un manifeste adjurant les travailleurs de s’abstenir. « Toute attaque, disaient-ils, servirait à désigner le peuple aux coups des ennemis de la Révolution qui noieraient les revendications sociales dans un fleuve de sang. Nous nous souvenons des lugubres journées de Juin. »

Ce n’était qu’une voix et de peu d’étendue. Depuis les élections générales, le Comité des vingt arrondissements se réduisait à une douzaine de membres ; l’Internationale et les chambres syndicales ne comptaient pas. Les élus du Wauxhall, au contraire, représentaient la masse armée. Qu’un obus partît de Montmartre sur les Prussiens et l’horrible combat s’engageait. Ils surent comprendre et le 28 affichèrent une proclamation encadrée de noir, impérative. « Citoyens, toute agression serait le renversement de la République… Il sera établi tout autour des quartiers que doit occuper l’ennemi une série de barricades propres à isoler complètement cette partie de la ville. La garde nationale, de concert avec l’armée, veillera à ce que l’ennemi ne puisse communiquer avec les parties retranchées de Paris. » Suivaient vingt-neuf noms[1]. Ces vingt-neuf capables d’apaiser la garde nationale furent applau-

  1. Alavoine, Bouit, Frontier, Boursier, David-Boisson, Barroud, Gritz, Tessier, Ramel, Badois, Arnold, Piconel, Audoynaud, Masson, Weber, Lagarde, Laroque, Bergeret, Pouchain, Lavalette, Fleury, Maljournal, Choutcau, Cadaze, Castioni, Dutil, Matté, Ostyn. Dix seulement de la commission du 15 figurent sur cette affiche ; les uns s’étaient retirés, comme Dacosta, trouvant qu’on allait bien loin ; les autres n’assistant pas à la séance où l’affiche fut signée. Des délégations, des adjonctions révolutionnaires avaient amené dix-neuf nouveaux, aussi obscurs que les autres. Plusieurs noms étaient défigurés : Haroud pour Barroud, Gastaud pour Castioni, Mutin pour Ostyn.