Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/179

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parut désigné d’autant plus aux sympathies de la garde nationale. Il s’efforça de rassurer les généraux, leur dit sa ferme résolution de maintenir l’ordre au nom du Gouvernement de Versailles, le seul dont il reconnut la légitimité, sut les convaincre assez pour qu’ils écrivissent à M. Thiers de le maintenir à son poste. Kératry, s’armant de ses déclarations, lui demanda son concours pour prendre possession de la préfecture. Duportal lui donna rendez-vous devant les officiers des mobiles et de la garde nationale convoqués pour le lendemain, 24. L’autre comprit et resta à Agen.

On devait à cette réunion recevoir les enrôlements pour Versailles. Quatre officiers de mobiles sur soixante s’offrirent ; ceux de la garde nationale assistaient, à ce moment même, à une manifestation toute différente organisée contre Kératry. À une heure, deux mille hommes partent de la place du Capitole et se rendent à la préfecture. Duportal reçoit les officiers. Loin de soutenir l’Assemblée, ils sont prêts, disent-ils, à marcher contre elle ; si M. Thiers ne veut pas faire la paix avec Paris, ils proclameront la Commune. Des cris partent de tous les coins : « Vive la Commune ! Vive Paris ! » Les officiers s’exaltant décrètent Kératry d’arrestation, proclament la Commune, obligent Duportal à se mettre en avant. Il se récuse, offre des conseils sans plus. Les officiers l’accusent de défaillance, le décident à venir sur la place de la préfecture où les gardes nationaux l’acclament. La manifestation revient au Capitole.

À peine arrivés dans la grande salle, les meneurs paraissent fort embarrassés. Ils offrent la présidence au maire, à d’autres municipaux qui s’esquivent, à Duportal qui s’en tire en rédigeant un manifeste. On le lit au grand balcon ; la Commune de Toulouse déclare vouloir la République une et indivisible, somme les députés de Paris d’être les intermédiaires entre le Gouvernement et la grande ville, M. Thiers de dissoudre l’Assemblée. La foule acclama cette Commune qui croyait aux députés de la Gauche et à M. Thiers opprimé.

Le soir, des officiers de la garde nationale nommèrent une commission exécutive où les principaux meneurs du mouvement ne figuraient pas. Elle se contenta d’affi-