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ganisé les services ; Versailles supprimait les arrivages de wagons-poste et retenait les correspondances à destination de Paris.

Le 1er  avril, M. Thiers annonça officiellement la guerre : « L’Assemblée siège à Versailles, où achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédée. Les bons citoyens peuvent donc se rassurer et espérer la fin d’une lutte qui aura été douloureuse mais courte. » Cynique vantardise de ce vieillard qui avait entravé l’organisation des armées contre les Prussiens. « Une des plus belles armées » n’était encore que la cohue du 18 mars, renforcée de cinq ou six régiments, trente-cinq mille hommes environ, avec trois mille chevaux et cinq mille gendarmes ou sergents de ville, le seul corps qui eût de la solidité.

Paris ne voulait pas croire même à cette armée. Les journaux populaires demandaient la sortie, parlaient du voyage à Versailles comme d’une promenade. Le plus en avant était le Vengeur, où Félix Pyat, secouant son grelot, exhortait la Commune à « presser Versailles… Pauvre Versailles ! il ne se rappelle plus les 5 et 6 octobre ; les femmes seules de la Commune ont suffi pour prendre son roi. » Le 2 avril, ce membre de la Commission exécutive, bien en place pour savoir la vérité, annonçait à Paris cette mirifique nouvelle : « Hier on a fait voter par oui ou non s’ils voulaient marcher sur Paris. Les soldats ont répondu : Non ! »




CHAPITRE XII


Sortie du 3 avril. — Les Parisiens sont repoussés partout. — Flourens et Duval sont assassinés. — Les Versaillais massacrent des prisonniers.

Ce jour même, un dimanche, à une heure, sans avertissement, sans sommation, les Versaillais ouvrent le feu, jettent des obus dans Paris.