Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/193

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La Commission exécutive se réunit, afficha une proclamation : « Les conspirateurs royalistes ont attaqué ! Malgré la modération de notre attitude ils ont attaqué ! Notre devoir est de défendre la grande cité contre ces coupables agressions. » Duval, qui a le commandement militaire de la préfecture de police, Bergeret, de la Place, Eudes, délégué à la guerre, se prononcent énergiquement pour l’attaque. L’élan, disent-ils, est irrésistible, unique. Que peut Versailles contre cent mille hommes. Il faut sortir. Tridon, Vaillant, Lefrançais, Félix Pyat résistent, surtout Félix Pyat, mis au pied de ses vantardises du matin. On ne part pas, dit-il, à l’aventure, sans canons, sans cadres, sans chefs ; il demande des situations. Duval, qui ne se tenait pas de sortir depuis le 19 mars, l’apostrophe violemment : « Pourquoi donc, depuis trois jours, criez-vous : À Versailles ! » Le plus énergique contre la sortie est Lefrançais. Enfin les quatre membres civils, c’est-à-dire la majorité, décident que les généraux présenteront un état détaillé de leurs forces en hommes, artillerie, munitions et transports. À sept heures, la Commission adjoignit Cluseret à Eudes, croyant mettre à la Guerre un militaire sérieux.

Malgré la majorité de la Commission, les généraux partirent. Ils n’avaient pas reçu de défense formelle. Félix Pyat avait même fini par dire : « Après tout, si vous vous croyez prêts… » Ils virent Flourens toujours prêt aux coups de main, d’autres collègues aussi aventureux, et, de leur autorité, certains d’être suivis par la garde nationale, ils expédièrent aux chefs de légion l’ordre de former des colonnes. Les bataillons de la rive droite devaient se concentrer place Vendôme et place Wagram, ceux de la rive gauche, place d’Italie et au Champ-de-Mars.

Ces mouvements, sans officiers d’état-major pour les guider, s’exécutèrent très mal. Beaucoup d’hommes, promenés plusieurs heures de place, en place, se fatiguèrent. À minuit il restait encore vingt mille hommes sur la rive droite et dix-sept mille environ sur la rive gauche.

De dix heures du soir à minuit et demi, la Commune fut en séance. On décida d’abord l’ajournement de la