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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

éclatent. « Des bataillons sont partis, répond Billioray ; le Comité de salut public veille. »

La discussion est reprise et, naturellement, écourtée. Le Conseil acquitte Cluseret. Le réquisitoire de Miot n’était fait que de ragots, négligeait les seuls faits incriminables, l’inertie de Cluseret pendant sa délégation et ses relations suspectes. Des groupes se forment. On commente la dépêche. La confiance de Dombrowski, l’assurance de Billioray, suffisent aux romantiques. On croit au général, à la solidité des remparts, à l’immortalité de la cause. Il n’y a rien de précis ; le Comité de salut public est responsable ; que chacun aille aux informations et se rende au besoin dans son arrondissement.

Tout se passe en causeries. Il n’y a ni motion, ni débat. Huit heures sonnent. Le président Jules Vallès lève la séance. La dernière séance du Conseil de la Commune ! Personne ne demande la permanence, personne ne somme ses collègues d’attendre les renseignements sur place, de mander le Comité de salut public. Personne pour dire que, dans ce moment d’incertitude critique, quand il faudra improviser sur l’heure un plan de défense, une grande résolution en cas de désastre, le poste des gardiens de Paris est au centre, à la Maison commune et non dans leurs arrondissements.

Ainsi sortit de l’histoire et de l’Hôtel-de-Ville le Conseil de la Commune de 1871, au moment du danger suprême, quand les Versaillais pénétraient dans Paris. Même anéantissement à la Guerre. Le Comité Central s’était rendu auprès de Delescluze qui avait paru très calme et dit, comme de plus modernes le croyaient, que la lutte des rues serait favorable à la Commune. Le commandant de la section du Point-du-Jour étant venu dire : « Il n’y a rien », le délégué avait accepté sans contrôle ses affirmations. Le chef d’état-major ne jugea même pas à propos d’aller faire une reconnaissance personnelle, et, vers huit heures, il fit afficher : « L’observatoire de l’Arc de Triomphe nie l’entrée des Versaillais, du moins il ne voit rien qui y ressemble. Le commandant Renaud, de la section, vient de quitter mon cabinet et affirme qu’il n’y a eu qu’une panique et que