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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

comme comptable. Leur industrie était prospère ; le gouvernement de Mac-Mahon demanda leur expulsion[1]. Bismarck fit signifier aux proscrits, l’ordre de partir sous quinze jours. Vainement ils démontrèrent qu’une liquidation à si bref délai était la ruine, un grand nombre d’industriels de Schiltigheim et de Strasbourg appuyèrent leur requête, le journal conservateur de Strasbourg rendit hommage à leur honorabilité et reconnut qu’ils avaient conservé « une attitude très réservée, très calme »[2], ils durent partir devant Mac-Mahon qui, une fois de plus, appelait l’Allemand contre les hommes de la Commune.

L’Autriche fit mieux que la Prusse. Elle convoqua un congrès de toutes les polices pour faire l’Europe nette des communeux. Un très petit nombre de proscrits vivaient à Vienne ; quelques professeurs, dont Sachs, Rogeard, Barré appelé de Londres par la plus grande maison de ciselure, auteur du bouclier qui figura à l’Exposition de 1878. Un décret impérial les expulsa ; Rogeard, excepté de la mesure générale, voulut suivre ses camarades dans ce nouvel exil.

La Hollande ne vit que des proscrits de passage, venus en 72 pour le congrès de l’Internationale à la Haye. Depuis la guerre et la Commune, le conseil général résidant à Londres n’était qu’une ombre ; la section française avait péri ; les délégués anglais, soucieux de leur avenir politique, s’étaient retirés ; Bakounine, en Suisse, développait son organisation rivale. Les séances du congrès furent orageuses et la majorité excommunia Bakounine et ses adhérents. Le lien international était rompu ; le congrès le sentit si bien qu’il désigna New-York pour l’année suivante. L’immortelle idée proclamée en 1864 allait revêtir une forme nouvelle.

La vie des proscrits de la Commune n’a pas d’histoire politique. Ils connurent peu le ridicule des pros-

  1. L’Industriel alsacien, 5 avril 1876.
  2. Le Journal d’Alsace, 29 mars 1876.