Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/61

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pes de cent mille, les petits-fils des niveleurs du Champ de Mars, Trochu livrait les terrassements aux entrepreneurs ordinaires qui ne trouvaient pas de bras, disaient-ils. La hauteur de Châtillon, clef de nos forts du Sud, est à peine étudiée quand le 19 l’ennemi se présente, balaie du plateau une troupe affolée de zouaves et de soldats qui n’ont pas voulu se battre. Le lendemain, ce Paris, que les journaux déclaraient incernable, est enveloppé par l’armée allemande, coupé de la province.

Cette impéritie alarma très vite les hommes d’avant-garde. Ils avaient promis leur concours, non la foi aveugle. Le 5 septembre, voulant centraliser pour la défense et le maintien de la République les forces du parti d’action, ils avaient invité les réunions publiques à nommer dans chaque arrondissement un comité de vigilance chargé de contrôler les maires et d’accueillir les réclamations. Chaque comité devait nommer quatre délégués ; l’ensemble des délégués serait un Comité central des vingt arrondissements. Ce mode d’élection tumultuaire avait donné un Comité composé d’ouvriers, d’employés, d’écrivains connus dans les mouvements révolutionnaires et les réunions de ces dernières années. Il s’était installé à la salle de la rue de la Corderie, prêtée par l’Internationale et la Fédération des Chambres syndicales.

Elles avaient suspendu leurs travaux, la guerre et le service de la garde nationale absorbant toutes les activités. Quelques-uns des syndicaux et des internationalistes devaient se retrouver aux comités de vigilance et au Comité Central des vingt arrondissements, ce qui fit attribuer, très à tort, ce Comité à l’Internationale. Le 15, il afficha un manifeste demandant : l’élection des municipalités, la police remise en leurs mains, l’élection et la responsabilité de tous les magistrats, le droit absolu de presse, de réunion, d’association, l’expropriation de toutes les denrées de première nécessité, le rationnement, l’armement de tous les citoyens, l’envoi de commissaires pour faire lever la province. Il n’y avait rien là que de très légitime. Mais Paris entamait à peine sa provision de confiance ; les journaux bourgeois crièrent au Prussien, la grande ressource de qui ne voulait pas raisonner. Les noms de quelques signa-