Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/77

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bon billet de Trochu, Delescluze et ses adjoints donnassent leur démission.

Il fallait cependant se boucher les yeux pour ne pas voir le trou sédantesque où la Défense acheminait Paris. Les Prussiens bombardaient les maisons par-dessus les forts d’Issy et de Vanves, leurs obus marquaient de cadavres certaines rues ; le 30 décembre, Trochu déclarait toute action nouvelle impossible, invoquait l’opinion de tous les généraux, concluait à son remplacement ; le 2, le 3, le 4 janvier 71, les Défenseurs discutèrent l’élection de l’Assemblée qui survivrait à la catastrophe. Paris n’en avait pas jusqu’au 15 sans l’indignation des patriotes.

Les faubourgs n’appelaient plus les hommes de la Défense que la bande à Judas. Les grands lamas démocratiques qui s’étaient retirés du 31 octobre revenaient à la Commune. L’Alliance républicaine, où l’antique Ledru-Rollin officiait devant une demi-douzaine de thuriféraire, l’Union républicaine et les autres chapelles en venaient à demander très énergiquement une Assemblée parisienne qui organisât la défense. Le Gouvernement se sentit fort pressé. Si la petite et la moyenne bourgeoisie joignaient le peuple, il devenait impossible de capituler sans une formidable émeute. Cette population qui poussait des hourras sous les obus ne se laisserait pas livrer comme un bétail. Il fallait auparavant la mortifier, la guérir de son « infatuation », selon le mot de Jules Ferry, la purger de sa fièvre. « La garde nationale ne sera satisfaite que lorsqu’il y aura dix mille gardes nationaux par terre », disait-on à l’Hôtel-de-Ville. Pressé par Jules Favre et Picard d’un côté, de l’autre par les simples, Emmanuel Arago, Garnier-Pagès, Pelletan, l’émollient Trochu consentit à donner une dernière représentation.

Elle fut résolue comme une farce, préparée parallèlement à la capitulation. Dans la nuit du 18 au 19 janvier les Défenseurs reconnaissent qu’un nouvel échec entraînera la catastrophe ; Trochu veut s’adjoindre les maires pour les questions de capitulation et de ravitaillement ; Jules Simon, Garnier-Pagès acceptent de rendre Paris, ne font de réserves que pour la France ; Garnier-Pagès propose de faire nommer par des élections