Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/94

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dignation du peuple les avait chassés ; le clergé refuser aux troupes ses bâtiments, séminaires ou autres ; les anciens juges des commissions mixtes continuer d’insulter aux républicains, — pour avoir suspendu un de ces honorables magistrats, le préfet de la Haute-Garonne fut un moment destitué ; — les journaux publier des adresses de prétendants. Des conseils municipaux, perdant tout patriotisme, votèrent la soumission aux Prussiens : pour tout châtiment Gambetta les accabla d’une semonce.

Les bonapartistes se réunirent ouvertement. Le préfet de Bordeaux, républicain ultra modéré, ayant demandé l’autorisation d’arrêter quelques-uns de ces meneurs : « Ce sont là, dit Gambetta, des pratiques de l’Empire, non de la République. »

Alors, la Vendée conservatrice se leva. Monarchistes, cléricaux, spéculateurs attendaient le moment, tapis dans les châteaux, les séminaires intacts, les magistratures, les conseils généraux que la Délégation refusa longtemps de dissoudre en masse. Assez habiles pour se faire quelque peu représenter sur les champs de bataille afin de conserver les apparences du patriotisme. En quelques semaines ils avaient percé à jour Gambetta, déchiffré l’irrésolu derrière le tribun.

Leur campagne fut tracée, conduite dès l’origine par les seuls tacticiens de quelque suite qu’il y ait en France, les jésuites maîtres du clergé. M. Thiers fournit le chef politique.

Les hommes du 4 Septembre en avaient, on le sait, fait leur ambassadeur. La France, à court de diplomates depuis Talleyrand, n’en a pas eu de plus facile à jouer que ce petit homme. Il était allé à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Vienne, dans cette Italie dont il fut l’ennemi acharné, chercher, pour la France vaincue, des alliances qu’on lui avait refusées, intacte. Il se fit moquer partout, n’obtint qu’une introduction auprès de Bismarck, négocia l’armistice refoulé par le 31 octobre. Quand il arriva à Tours, aux premiers jours de novembre, il savait que désormais la lutte était à mort. Au lieu d’en prendre courageusement son parti, de mettre son expérience au service de la Délégation, il n’eut qu’un objectif : enterrer la Défense.