Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/168

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tenir, quatre journées durant, les chemins vicinaux. De 18 à 60 ans, casse les cailloux, comble les trous, nivèle la terre, pour faire, va-nu-pied, une route sans cahots à la voiture du maire, car ces messieurs ne se gênent pas pour négliger, à leur profit, tels chemins importants.


Contributions directes et indirectes, impôt du sang, octrois, corvée, te voilà, Jacques Bonhomme, lié sous toutes les formes, asservi par tous tes besoins, pressé, foulé comme la vendange dans la cuve, écrasé en raison directe de ta misère. Sur qui pèse l’impôt du sel, par exemple ? Est-ce que le pauvre ne paie pas proportionnellement plus que le riche qui peut varier ses assaisonnements ? Et l’impôt des boissons ? Est-ce que le prolétaire peut payer le vin, l’eau-de-vie le triple, le quadruple de leur valeur ? Et cependant il a besoin de réparer ses forces ; on n’alimente pas une locomotive avec de la paille : de même il faut à l’ouvrier, livré souvent aux plus rudes travaux, une alimentation substantielle et des boissons généreuses. Obligé de renoncer au vin pur et à l’eau-de-vie franche, il a forcément recours aux liqueurs fortes em-