Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/31

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champs, les vignes, les maisons, les briques, la pierre, la dixième gerbe, la dîme des gâteaux, des poules, des lapins, etc.

Au noble des droits innombrables désignés par des noms barbares pour faire ton pain, ton vin, ton huile, tuer ou féconder tes animaux, vendre ta récolte, la porter au marché, la mesurer, etc.

Si la fortune ou ton courage t’avaient rendu propriétaire de quelque bout de champ, tu n’en étais pas moins toujours un manant, c’est-à-dire tenu envers le seigneur à la corvée personnelle et à cinq ou six autres. Si Monseigneur arrivait au château, ta moisson avait beau presser, qu’importe ! Laisse ta gerbe à la pluie ou à la grêle pour réparer les chemins de Monseigneur. Et la nuit, pendant les couches de la châtelaine, tu devais battre l’étang ou la rivière pour empêcher les grenouilles de troubler son noble sommeil.


Aussi Jacques fuyait cette terre ingrate. Au moindre retard on saisissait le bétail. Plus d’engrais, plus de pain. La famine chassait le paysan dans les bois, car à la ville comme aux champs le vilain était muselé.

Le roi épuisait le travail comme il desséchait