Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/44

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Jacques Bonhomme se crut devenu l’égal des nobles. Mirabeau lui-même se chargea de le détromper. Comme un Jacques lui tendait la main : « Apprends, drôle, lui répondit-il, que je serai toujours pour toi monsieur le comte. »

Mais bientôt Paris montrera qui est le maître. Et comme Louis XVI hésite à sanctionner les décrets du 4 août, comme on discute si le roi aura le droit de dire à l’Assemblée, veto (non, j’empêche), comme on raconte que le 1er  octobre, pendant la plus affreuse famine, la reine a présidé, à l’orangerie de Versailles, une orgie où les gardes du corps ont sonné la charge contre la nation, Jacques va le 5 et le 6 octobre chercher le roi, la reine et l’Assemblée à Versailles, les emmène de force à Paris, sous sa main, et, dans sa grande naïveté, il crut à la bonté de ces gens-là, lui qui est la générosité même : « La révolution est faite, s’écria-t-il. Voilà le roi délivré de ce Versailles, de ses courtisans, de « ses conseillers. »

Bourgeois, paysans, prolétaires se regardent et s’embrassent. Pendant huit ou neuf mois, villes, bourgs et villages se forment en fédération « pour s’unir, disent-ils et s’aimer, les uns