Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/130

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dant plus de deux heures à la barricade de l’entrée du boulevard.

Vers trois heures de l’après-midi, le membre de la Commune, Frankel, arriva à la mairie du XIe, le bras en écharpe et ensanglanté. Ce jeune homme, un des membres les plus intelligents de la Commune, avait été blessé aux barricades de la Bastille. Madame X l’accompagnait. Grande, les cheveux d’or, admirablement belle, souriante, elle soutenait le blessé, dont le sang coulait sur sa robe élégante. Plusieurs jours durant, elle se prodigua aux barricades, soignant les blessés, trouvant des forces incroyables dans son coeur généreux.

Il était sept heures moins un quart environ, quand, près de la mairie, nous aperçûmes sur la chaussée une centaine de gardes, marchant dans la direction du Château-d’Eau ; puis, sur le trottoir, Delescluze accompagné du membre de la Commune, Jourde, et se dirigeant du même côté. Delescluze, dans son vêtement ordinaire, chapeau, redingote et pantalon noirs, écharpe rouge autour de la ceinture, sur le gilet, peu apparente, comme il la portait habituellement, sans armes, s’appuyant sur une canne. Étonnés et redoutant quelque accident, du côté du Château-d’Eau, nous redescendîmes