Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il y eut dans les caveaux des combats à l’arme blanche. Puis tout se tut.

A la faveur de la pluie, les troupes descendirent dans la rue du Chemin-Vert, sur les derrières de la barricade située à l’intersection des boulevards Voltaire et Richard-Lenoir. Le correspondant d’un journal anglais a raconté deux épisodes qui se rattachent à la prise de cette barricade :

« Je vis fusiller environ 60 hommes, à la même place et en même temps que des femmes. Un petit incident touchant, qui m’accabla complètement, frappa mes regards. Tandis que Paris brûlait au milieu de la nuit, que le canon grondait et que la mousqueterie pétillait, une pauvre femme se débattait dans une charrette et sanglotait amèrement. Je lui offris un verre de vin et un morceau de pain. Elle refusa en disant : « Pour le peu de temps que j’ai à vivre, cela n’en vaut pas la peine. »

» Une grande rumeur suivit de notre côté de la barricade, et je vis la pauvre femme saisie par quatre troupiers, qui la dépouillaient rapidement de ses vêtements. J’entendis la voix impérieuse de l’officier commandant qui interrogeait la femme, disant : « Vous avez tué deux de mes hommes. » La femme se mit à rire iro-