Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/162

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ne pouvait tourner et des maisons qui n’avaient pas d’issues. L’artillerie versaillaise les canonna et la troupe attendit que les fédérés eussent consommé leurs munitions. A Belleville, la résistance dura jusqu’à épuisement complet de cartouches, jusqu’à la destruction par les obus de la plupart des habitations. Peu à peu la lutte s’éteignit. Un bataillon composé d’Alsaciens et de Lorrains qui, après avoir quitté leur pays ruiné par l’invasion prussienne, étaient venus servir la Commune, tint un des derniers. Les soldats avançaient difficilement sur le sol argileux. Beaucoup, pour ménager leur chaussure, dépouillèrent les morts et se chaussèrent de leurs souliers.

Enfin, il y eut de longs silences. Vers trois heures, les vaincus se réfugièrent dans les carrières d’Amérique, où la plupart, avec un courage stoïque, se donnèrent la mort les uns aux autres, pour échapper aux prétoriens.

Ce fut fini.


Nous devons, pour terminer le récit des opérations militaires, mentionner l’occupation du fort de Vincennes. Elle eut lieu le lundi 29.

A huit heures du matin, le commandant du 18e de la garde nationale, bataillon réfractaire