Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/171

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sacres de septembre comme de l’horreur suprême ! Les grandes tueries de la Bible, les fêtes sanglantes du roi de Dahomey, peuvent seules donner une idée de ces boucheries de prolétaires. La Saint-Barthélémy qui tua 2,000 protestants, le 2 Décembre où quinze cents personnes environ furent couchées à terre, Juin 48 lui-même, formeraient à peine un épisode de ce gigantesque tableau. Car la prison de la Roquette n’était qu’un coin du drame qui s’accomplissait en ce moment dans toute la ville de Paris.

Nous essayâmes de sortir du faubourg Saint-Antoine, mais il était cerné. Depuis le vendredi soir, les soldats faisaient des perquisitions d’hommes et d’armes. Le drapeau tricolore, le drapeau du massacre, pendait à presque toutes les croisées de toutes les maisons ; le coeur s’en soulevait de dégoût ; on eût dit une fête nationale. Les Prussiens pouvaient se réjouir, car c’était l’anéantissement de ceux-là qui furent leurs seuls ennemis convaincus pendant le siège[1]. Rue de la Roquette, à l’entrée du

  1. C’est une erreur assez généralement répandue que les bataillons républicains de Paris ont montré plus de courage contre leurs ennemis civils que contre les Prussiens. — La base principale de ce faux bruit, est l’accusation de lâcheté que le général Clément