Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vint lestement s’adosser au mur, devant les fusils des soldats stupéfaits.

Un journal belge, l’Étoile, qui n’avait cessé de couvrir d’injures la Commune et ses défenseurs, ne put cependant s’empêcher de reconnaître l’héroïsme de ces brigands en face de la mort.

« Ce que je n’ai pas encore vu signaler, disait son correspondant, c’est un des phénomènes moraux qui s’est révélé depuis la défaite de l’insurrection. Je veux parler du fatalisme et de la résignation à la mort dont sont possédés les insurgés combattants. Sans doute, il s’en est trouvé qui, au dernier moment, ont eu peur et ont fait tout ce qu’ils ont pu pour échapper à la mort : mais la majorité de ceux qui se sont battus avec acharnement et qui ont été pris les armes à la main, savaient très-bien quel sort les attendait. Il semble qu’une logique inexorable les poussait. Ils avaient tué pour gagner une partie ; la partie était perdue, ils sentaient qu’ils devaient être tués à leur tour. La plupart ont été au-devant de la mort, comme les Arabes après les batailles, avec indifférence, avec mépris, sans haine, sans colère, sans injure pour leurs exécuteurs.

» Tous les soldats qui ont pris part à ces exécu-