Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/195

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ce moment les fonctions de gardiens de cet homme, qui n’avait pas craint de coopérer au commencement de la destruction de Paris.

» La foule grossissait de plus en plus, et on arriva avec beaucoup de peine au bas des buttes Montmartre, où le prisonnier fut conduit devant un général dont nous n’avons pu retenir le nom ; alors l’officier de service chargé de cette triste mission, s’avança et causa quelques instants avec le général, qui lui répondit d’une voix basse et grave : Là, derrière ce mur.

» Nous n’avions entendu que ces quatre mots et quoique nous doutant de leur signification, nous avons voulu voir jusqu’au bout la fin d’un des acteurs de cet affreux drame que nous avons vu se dérouler devant nos yeux depuis plus de deux mois ; mais la vindicte publique en avait décidé autrement. Arrivé à l’endroit désigné, une voix, dont nous n’avons pu reconnaître l’auteur et qui fut immédiatement suivie de beaucoup d’autres, se mit à crier : Il faut le promener encore, il est trop tôt. Une voix seule alors ajouta : Il faut que justice soit faite rue des Rosiers, où ces misérables ont assassiné les généraux Clément Thomas et Lecomte.

» Le triste cortège alors se remit en marche, suivi par près de deux mille personnes ; dont la