Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/204

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y a parmi cette foule bariolée de prisonniers tant d’ignorance, tant d’abrutissement, tant d’alcool, qu’il ne peut y avoir une grande place pour la responsabilité. »

« Le moment est venu, dit le Temps, de distinguer entre les partisans aveugles, les simples soldats et les chefs. »

« A côté des droits de la justice, dit l’Opinion nationale, du 1er juin, on demande un examen sérieux des inculpés. On voudrait ne voir mourir que les vrais coupables. »

Qu’on ne se méprenne pas sur ces appels à la pitié : ils cachaient la peur de la peste. Depuis quelques jours, la voie publique était couverte de martinets morts. Cette espèce d’hirondelle se nourrit exclusivement d’insectes et surtout de mouches. Or, les nombreux cadavres, gisant abandonnés dans Paris avaient, en multipliant les mouches charbonneuses, déterminé cette épidémie. Les journaux s’alarmèrent. « Il ne faut pas, disait l’un d’eux, que ces misérables, qui nous ont fait tant de mal de leur vivant, puissent encore nous en faire après leur mort. »

La gloire de Mac-Mabon le découvrait trop. Des journaux naïfs avaient demandé qu’on publiât les noms des gens fusillés, comme si les cours martiales avaient tenu registre ! Leur